Le Festival du film d’El Gouna et ses récompenses – du plaisir au soleil à El Gouna
Alors que le cinéma de langue arabe gagne en importance dans le monde entier, les festivals de cinéma des pays arabophones sont florissants. Le Festival du film de Marrakech, avec sa programmation étoilée habituelle a, certes, souffert du COVID, perdant deux éditions en 2020 et 2021, mais les festivals d’Égypte sont florissants. Le Festival international du Caire s’est bien déroulé l’année dernière, attirant Christopher Hampton, le co-scénariste de The Father de Florian Zeller et se aura lieu cette année du 6 novembre au 5 décembre. Le deuxième festival le plus important d’Égypte est situé à El Gouna, au bord de la mer Rouge, un endroit idéal avec une infrastructure parfaite pour un festival.
Même si El Gouna manquait de star cette année, avec Darren Aronofsky comme principal invité international, les réalisateurs de la plupart des films étaient présents. Le festival s’est vanté d’avoir une solide programmation de films qui avaient marqué les principaux festivals, à commencer par Cannes, Venise et Sundance. Inévitablement, les meilleurs parmi eux ont trusté les plus hautes récompenses du palmarès, mais le public, en grande partie local, a été le plus enthousiaste lorsque les gagnants du meilleur film arabe ont été annoncés dans les catégories documentaire et long métrage.
Ces prix sont allés au documentaire Captains of Za’atari d’Ali El Arabi et au long métrage Feathersréalisé par l’égyptien Omar El Zohairy. Après la première projection de son film, ce dernier avait été bouleversé par les articles parues dans les médias locaux selon lesquelles son film dépeignait sa patrie de manière négative. Lorsque je l’ai rencontré, j’ai suggéré que son cinéma faisait penser à une transposition de Kaurismaki en Égypte et il a convenu qu’il s’était inspiré du travail de ses cinéastes préférés, dont le réalisateur finlandais. Lorsqu’il a accepté le prix sous les ovations, il a croisé les bras sur sa poitrine et a dit à la foule que l’obtention du prix en Égypte marquait « le meilleur moment » de sa vie. Le film a remporté le prix de la Semaine de la critique à Cannes et un prix « Variety » à El Gouna.
Le film finlandais de Teemu Nikki L’Aveugle qui ne voulait pas voir le Titanic a remporté l’Étoile d’or du meilleur long métrage de fiction (Petri Poikolainen a également remporté le prix du meilleur acteur), Sundown de Michel Franco a remporté l’Etolie d’argent et le film russe Captain Volkonogov s’est évadé, réalisé par Aleksey Chupov et Natasha Merkulova a remporté le bronze, ainsi que le prix Netpac. Maya Vanderbeque a remporté le prix de la meilleure actrice pour le film belge Playground.
Dans la catégorie documentaire, le film russe Life of Ivanna de Renato Borrayo Serrano a remporté l’or, le film suisse Ostrov-Lost Island réalisé par Svetlana Rodina et Laurent Stoop a remporté l’argent ainsi que le prix « Cinema for Humanity » du public. Enfin, le film suédois Sabaya de Hogir Hirori a pris le bronze.
Le premier film de Mounia Akl Costa Brava avec Nadine Labaki et Saleh Bakri a remporté deux prix, le prix FIPRESCI de la critique internationale (photo ci-contre) et le prix « Green Star de la lutte contre les problèmes environnementaux. Ce film libanais a été développé sur la plate-forme « CineGouna », la branche industrielle du festival qui donne une grande importance au festival. Ce prix offre des subventions, des opportunités de réseautage, des discussions sur l’industrie et des programmes de mentorat qui encouragent les jeunes talents émergents à développer de futurs projets.
Maintenant dans sa cinquième année, le Festival a surmonté un certain nombre d’obstacles, y compris un incendie la veille de la soirée d’ouverture. Pourtant, lors du gala d’ouverture, rien n’en apparaissait. Lors de la cérémonie de clôture, le mécène du Festival Samih Sawiris a d’ailleurs invité les pompiers à venir sur la scène.
Samih Sawiris et son frère Naguib, cinéphiles, sont des magnats des affaires qui se sont lancés dans la création du festival dans le complexe de luxe créé par leur père à la fin des années 1980. Les yachts de luxe et les fêtes ne sont guère ce à quoi on pourrait s’attendre dans un pays musulman et s’avèrent fort attirante pour le jeune public local! On peut cependant regretter que nombre de ces jeunes ne semblent pas avoir l’habitude de se concenter pour regarder des films et vérifient constamment leurs téléphones portables, prenant même des appels et discutant pendant les projections…
Avec le départ du directeur du festival Amir Ramses, le festival est maintenant prêt pour une nouvelle étape. Attendez-vous à des changements majeurs en 2022. D’ici là, bien sûr, nous aurons vu comment le premier Festival saoudien de la mer Rouge se déroulera lorsqu’il fera ses débuts du 6 au 15 décembre à Djeddah, de l’autre côté de la mer Rouge.
Hélène Barlow