Disparition de Jean-Louis Commolli
Nous avons eu la tristesse d’apprendre le décès de Jean-Louis Comolli, qui avait obtenu le Prix 2017 de l’UJC pour l’ensemble de sa carrière.
D’abord critique de cinéma, Jean-Louis Comolli devint avec son ami Jean Narbonni l’un des piliers de ce qu’on peut appeler la « deuxième époque » des Cahiers du Cinéma. Partant de son amour des réalisateurs du Hollywood de la grande époque (Ford, Hawks…), il prit pourtant le tournant de la période « Mao » des Cahiers – tout en restant passionné de jazz.
Le second tournant de sa vie professionnelle fut le passage à la réalisation, avec notamment « La Cécilia » en 1975 et « L’Ombre rouge » en 1981, transitions fictionnelles héritées de la période antérieure de sa vie, aujourd’hui des « classiques » de la fin du XX° siècle.
Dernier tournant, enfin, le passage au documentaire politique correspondant à une belle et intelligente prise de recul, marqué notamment par cette magnifique série de films sur Marseille et ses militants politiques, où il parvint à dresser en quelques années le portrait de la militance de tous les bords politiques locaux, ou quasiment.
Tout au long de sa vie, il resta aussi un critique et écrivain, avec des ouvrages indispensables sur le cinéma, comme son « Corps et cadre: Cinéma, éthique, politique » mais aussi sur son histoire personnelle (il était né en Algérie) avec « Une terrasse en Algérie ».
Homme d’une intelligence extrême, mais aussi chaleureux, c’était toujours un plaisir de deviser avec lui. Sa soeur, Annie, disciple bien connue de Jean Rouch, qui a ensuite fait une carrière universitaire, lui survit.
PJM