La Havane 2010
Le 32ème Festival International du NouveauCinéma Américain de La Havane a présenté 199 longs métrages et 194 courts, de tous les pays d’Amérique Latine, de l’Argentine au Venezuela, dans 15 salles.
Le Jury de la Fipresci a donné son prix à Post Mortem de Pablo Larrain, une coproduction entre le Chili, le Mexique et l’Allemagne. Il a motivé son prix en qualifiant Post Mortem de « film envoûtant tout en étant également une métaphore pour une société décadente et répressive, aspirant à la dictature » (le Chili avant le coup).
Le réalisateur y a créé un monde fantomatique. L’acteur principal, Alfredo Casto, joue le rôle d’un assistant à la morgue qui semble avoir été aspergé de cendre blanche, un peu comme une vision post mortem de Buster Keaton. Il devient humain très brièvement, en tombant amoureux de sa voisine. Puis les tanks entrent en scène, et l’on découvre le corps meurtri d’Allende dans les décombres.
Le jury « principal » du Festival a décerné neuf prix, dont deux pour Post-Mortem qui a été le dauphin du Grand Prix, La Vida Util, de l’uruguayen Federico Veiroj.
Le film cubain le plus récompensé, toutes sections confondues, a été Jose Marti: El Ojo del Canario, de Fernando Perez Valdes, sur l’émergence du héros de la Révolution cubaine.
Le festival comprenait une section dédiée aux films venant de « Latinos » vivant aux Etats-Unis, souvent à propose de leurs difficulté d’y vivre, aussi bien que des films de non Latinos, comme le documentaire » de Saul Landau qui a eu un Emmy, Will the Real Terrorist Please Stand Up. Il y avait également des rétrospectives montrant des films noirs et d’horreur.
Oppression et révolution, avec le thème sous-jacent du désordre dans la société, étaient présents dans de nombreux films, comme La Mirada Invisible, de l’argentin Diego Lerman. L’ombre de Perón rode au-dessus d’une école dont le directeur demande à une jeune enseignante d’espionner les élèves.
Plusieurs films abordaient la question de la maltraitance des enfants dont Boleto Al Pa-iaiso, du cubain Geraldo Chijona, un film très aimé du public, à propos d’une jeune fille qui s’échappe de sa maison après que son père l’ait violée. Elle se joint à un gang d’enfants sans domicile, vivant dans la drogue, le sex, le rock’n roll et pour finir avec le SIDA. Une sorte différente d’exil est décrite dans Larga Distancia, du cubain Estéban Insauti, qui traite des artistes de son pays pris entre deux mondes, une société en souffrance chez eux et un monde décadent ailleurs. De la Infancia, du mexicain Carlos Carrera Gonzalez, montre une famille terrorisée par un père violent sans foi ni loi. Quant à l’argentin Anahi Berneri, il dépeint dans Por Tu Culpaune mère frustrée, enfermée dans le monde moderne, qui est accusée d’avoir violenté ses enfants en bas âge.
Plusieurs films de femmes étaient en compétition, à commencer par Jean Gentil, de Laura melia Guzman, un film tourné en Créole et en Espagnol à propos d’un Haïtien en exil. Mais le film traitant des femmes le plus fort fut sans doute Los Labios, de Santiago Loza et Ivan Fund: trois travailleuses sociales traversent une Argentine où la détresse règne à l’extrême et finissent par y perdre leur identité.
Le public de La Havane fut extrêmement attentif, et nous avons senti que la forte fréquentation, les réactions vives aux scènes dramatiques montrées à l’écran apparaissaient un peu comme un exutoire à la situation locale, peut-être une forme de protestation, en tous cas un soutien au cinéma. En effet, le Festival est un moment important de l’année à La Havane, une ville où les enseignants suspendent leurs cours afin que les étudiants puissent aller au cinéma, et le public peut y voir des films qui leur parlent d’eux-même
Le 32ème Festival International du Nouveau Cinéma Américain de La Havane a présenté 199 longs métrages et 194 cours, de tous les pays d’Amérique Latine, de l’Argentine au Venezuela, dans 15 salles.
Le Jury de la Fipresci a donné son prix à Post Mortem de Pablo Larrain, une coproduction entre le Chili, le Mexique et l’Allemagne. Il a motivé son prix en le qualifiant de « film envoûtant tout en étant également une métaphore pour une société décadente et répressive, aspirant à la dictature » (le Chili avant le coup d’Etat).
Le réalisateur a créé un monde fantomatique. L’acteur principal, Alfredo Casto, joue le rôle d’un assistant à la morgue qui semble avoir été aspergé de cendre blanche, un peu comme une vision post mortem de Buster Keaton. Il devient humain très brièvement, en tombant amoureux de sa voisine. Puis les tanks entrent en scène, et l’on découvre le corps meurtri d’Allende dans les décombres.
Le jury « principal » du Festival a décerné neuf prix, dont deux pour Post-Mortem qui a été le dauphin du Grand Prix, La Vida Util, de l’uruguayen Federico Veiroj.
Le film cubain le plus récompensé, toutes sections confondues, a été Jose Marti: El Ojo del Canario, de Fernando Perez Valdes, sur l’émergence du héros de la Révolution cubaine.
Le festival comprenait une section dédiée aux films venant de « Latinos » vivant aux Etats-Unis, souvent à propose de leurs difficulté d’y vivre, aussi bien que des films de non Latinos, comme le documentaire » de Saul Landau qui a eu un Emmy, Will the Real Terrorist Please Stand Up. Il y avait également des rétrospectives montrant des films noirs et d’horreur.
Oppression et révolution, avec le thème sous-jacent du désordre dans la société, étaient présents dans de nombreux films, comme La Mirada Invisible, de l’argentin Diego Lerman. L’ombre de Perón rode au-dessus d’une école dont le directeur demande à une jeune enseignante d’espionner les élèves.
Plusieurs films abordaient la question de la maltraitance des enfants dont Boleto Al Pa-iaiso, du cubain Geraldo Chijona, un film très aimé du public, à propos d’une jeune fille qui s’échappe de sa maison après que son père l’ait violée. Elle se joint à un gang d’enfants sans domicile, vivant dans la drogue, le sex, le rock’n roll et pour finir avec le SIDA. Une sorte différente d’exil est décrite dans Larga Distancia, du cubain Estéban Insauti, qui traite des artistes de son pays pris entre deux mondes, une société en souffrance chez eux et un monde décadent ailleurs. De la Infancia, du mexicain Carlos Carrera Gonzalez, montre une famille terrorisée par un père violent sans foi ni loi. Quant à l’argentin Anahi Berneri, il dépeint dans Por Tu Culpaune mère frustrée, enfermée dans le monde moderne, qui est accusée d’avoir violenté ses enfants en bas âge.
Plusieurs films de femmes étaient en compétition, à commencer par Jean Gentil, de Laura melia Guzman, un film tourné en Créole et en Espagnol à propos d’un Haïtien en exil. Mais le film traitant des femmes le plus fort fut sans doute Los Labios, de Santiago Loza et Ivan Fund: trois travailleuses sociales traversent une Argentine où la détresse règne à l’extrême et finissent par y perdre leur identité.
Le public de La Havane fut extrêmement attentif, et nous avons senti que la forte fréquentation, les réactions vives aux scènes dramatiques montrées à l’écran apparaissaient un peu comme un exutoire à la situation locale, peut-être une forme de protestation, en tous cas un soutien au cinéma. En effet, le Festival est un moment important de l’année à La Havane, une ville où les enseignants suspendent leurs cours afin que les étudiants puissent aller au cinéma, et le public peut y voir des films qui leur parlent d’eux-même
Joan Dupont
Photo: le Jury de la Fipresci à La Havane, (de g. à dr.) Ernesto Aguirre, Joan Dupont, la Présidente du Jury, Maja Bogojevic, Pedro Noa, Mario Abbade