Les 4° Rencontres cinématographiques professionnelles du Sud d’Avignon
Réunis pendant 6 jours à Avignon, du 18 au 22 mars, les exploitants de la région ont pu assister aux projections proposées par les distributeurs nationaux, souvent présentées par l’équipe du film, comme ce fut le cas avec Frédéric Shoendoerffer pour 96 heures, Coline Serreau avec le documentaire choc Tout est permis ou Alexandre Arcady avec 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi. Ces projections étaient couplées avec des avant-premières tout public dans les cinéma de la ville et de la périphérie d’Avignon, où les équipes pouvaient rencontrer leurs futurs spectateurs. Un partenariat avec l’Université, des lycéens et une programmation jeune public complétaient ce programme copieux, 20 films pendant une semaine de cinéma, à laquelle quelques journalistes étaient conviés. Grâce à une excellente organisation et une équipe disponible et efficace, cette nouvelle édition des Rencontres a été un vrai succès.
La sortie des films programmés est prévue d’ici le mois de mai et, si les films français étaient majoritaires, plusieurs genres et pays étaient représentés. Notamment D’une Vie à l’autre de Georg Mass, grand succès en Allemagne, qui sera en salle le 7 mai prochain. Malgré ses défauts, Salaud, on t’aime, le nouveau film de Claude Lelouch, reflète une tendance lourde dans le cinéma de ces derniers mois : le chaos familial que les couples imposent à travers les séparations, divorces et nouvelles unions. Et la rancœur des enfants concernés, quelque soit leur âge. En prenant Johnny Hallyday (génération triple Y ?) pour jouer une version médiatique de son propre rôle, Lelouch mêle sans pudeur vie privée, vie intime et vie professionnelle.
Dans les autres films de séparation, on trouve une comédie française, Les Yeux jaunes des crocodiles de Céline Telerman avec Julie Depardieu, Emmanuelle Béart et Patrick Bruel, où il est amusant de constater que le père va finir dans la mare avec les crocodiles pendant que son idiote de fille a simplement honte de sa mère ; un film américain, Last Days of Summer de Jason Reitman, où un jeune garçon contemple, à mi-chemin entre fascination et horreur, des adultes se mettre sans cesse en danger. Mais pourquoi ce titre alors que le film est tiré d’un roman, Labor Day, traduit en français par Long Week-end ? Dans une co-production entre la Jordanie et le Qatar, May in the Summer de Cherin Dabis, Hiam Abbas joue une mère divorcée, aux prises avec les récriminations de ses trois filles à la veille du mariage de l’une d’entre elles. Heureusement, Lucas Belvaux avec Pas son genre, une savoureuse comédie philosophico-romanesque, nous montre une jeune femme capable d’assumer ses choix et de protéger les siens d’une union bancale avec un prof aussi charmeur qu’indécis. Avec une Emilie Dequenne éblouissante, vibrante d’énergie et d’aspiration au bonheur.
Grâce à d’excellents programmes de restauration des films du patrimoine, ces journées professionnelles proposent régulièrement quelques trouvailles. Cette fois, c’était Cutter’s Way d’Ivan Passer (1981) qui a séduit les participants. Un film sur une époque où les anciens combattants du Vietnam noyaient leur amertume dans l’alcool plutôt que dans les anti-dépresseurs, où les jeunes gens portaient des pantalons de velours côtelé et où même dans les films américains, on faisait l’amour sans sous-vêtements. Une scène d’ouverture bluffante et un finale épique, avec un cheval blanc et un justicier boiteux, un très beau film ! Sortie en salle prévue le 25 juin.
Un seul regret : une programmation trop axée vers le grand public. Mais ces Rencontres, très intenses et organisées avec enthousiasme, ont permis de faire revivre quelques jours le cinéma Capitole, récemment fermé. Elles ont aussi donné à tous les participants un goût de prolongement, l’envie de se retrouver à Avignon l’an prochain, pour une nouvelle édition, ou peut être pour un vrai festival un jour !
Magali Van Reeth