Les prix de l’UJC 2011

L’UJC a décidé pour la sixième fois d’attribuer des prix annuels destinés à mettre en valeur les métiers dujournalisme cinématographique.

Ont été attribués :

• le Prix de l’UJC 2011, pour l’ensemble de son œuvre, à Jacques Siclier, auteur de nombreux ouvrages, et notamment ancien critique au « Monde » et à « Télérama »

• le Prix de l’UJC de la jeune critique 2011 à Christophe Chabert, critique au « Petit Bulletin » à Lyon

• le Prix de l’UJC de la meilleure biographie ou du meilleur entretien 2011 concernant une personnalité du cinéma, à Laure Adler, pour ses nombreux entretiens fleuve  de qualité sur le cinéma à la radio.

• La Plume d’Or 2011 du meilleur journaliste de cinéma de la Presse étrangère en France, enfin, a été décernée pour la sixième fois conjointement par l’UJC et l’Association de la Presse Etrangère à Aldo Tassone, pour sa couverture pluri décennale du cinéma français dans la presse italienne, et son activité corollaire à la direction du Festival de Cinéma Français de Florence.

Jean Roy élu Président de l’Union des Journalistes de Cinéma

Jean RoySuite à son Assemblée Générale du 6 avril 2011, Jean Roy a été élu Président de l’Union des Journalistes de Cinéma, prenant ainsi la suite de Laurent Delmas, qui en a été à la tête depuis sa fondation, il y a dix ans.

Journaliste et critique de cinéma depuis plus de trente ans, ancien Délégué Général de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes pendant 19 ans, Jean Roy a notamment travaillé  à Cinéma, au Panorama de France Culture et à L’Humanité où il écrit depuis 25 ans. Il est également depuis 2010 le Président de la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique (Fipresci).

Pour le renouvellement et l’autonomie du « Plan Média »

Communiqué de Presse de l’Union des Journalistes de Cinéma du 1er mars 2011

L’Union des Journalistes de Cinéma s’associe à l’ensemble des organismes professionnels qui demandent instamment à la Commission Européenne de ne pas mettre fin au plan Média et à son apport spécifique à l’audiovisuel, apport qui serait menacé par la fusion dans un programme culturel indifférencié. L’effet de levier du Plan Média depuis vingt ans a été considérable, et a permis de conserver une diversité irremplaçable aux productions des industries audiovisuelles européennes, sans compter le maintien des circuits de diffusion (Europa Cinémas, etc.) qui ont permis à ces oeuvres de trouver leur public.

Le 61° festival de Berlin: un festival et un palmarès courageux!

Pour sa 61ème édition, le Festival de Berlin, premier grand rendez-vous du cinéma mondial de l’année, a été fidèle à lui-même en sachant mettre en compétition officielle un ensemble relativement réduit de seize films destinés bien plus aux circuits d’art et d’essai qu’au grand public, choix de l’exigence – parfois de la difficulté… – d’ailleurs relayé par le jury présidé par la sublime Isabella Rossellini qui décerna son Ours d’Or à Nader et Nissim, du réalisateur iranien Asghar Farhadi

Le jury a ainsi tout à fait partagé l’état d’esprit militant traditionnel du Festival, qui, à l’initiative de son directeur, Dieter Kosslick, avait décidé d’y réserver une place, restée désespérément vide, à Jafar Panahi, auquel son pays vient d’interdire toute activité professionnelle… Nader et Nissim s’était d’ailleurs tourné avec difficulté à cause de la censure locale, et Asghar Farhadi avait failli être forcé de ne pas pouvoir terminer le tournage – il faut dire que sous un prétexte de fiction, la violence des rapports sociaux en Iran y est clairement mise en évidence. Pour bien montrer qu’il ne s’agissait pas d’un hasard, le jury a même décidé de décerner les deux Prix d’Interprétation à toute l’équipe d’aceurs masculins et féminins du film. Bref, des Ours et un palmarès de combat, donc!

En revanche, l’Ours d’Argent du Grand Prix du Jury fit moins surprise, en récompensant le hongrois Belà Tarr pour son Cheval de Turin, un sobre film tout en plan-séquences noir et blanc. Belà Tarr fit d’ailleurs aussi consensus du côté des critiques de la Fipresci qui lui ont décerné leur convoité Prix de la CritiqueInternationale pour la compétition. L’Ours d’argent de la meilleure réalisation décerné à l’allemand Ulrich Köhler pour Maladie du Sommeil fut plus inattendu – on aurait préféré le voir décerné à Michel Ocelot pour son beau film d’animation très visuel en 3D, Les Contes de la nuit, seul film Français en compétition, d’ailleurs. Quant au Prix du Meilleur premier film, le Jury ad hoc alla le chercher dans une nouvelle section du Festival « Génération 14 plus », pour le donner à On the ice, the Andrew Okpeaha MacLean, encourageant ainsi ce qui est l’un des premiers films dû à un réalisateur indigène de l’Alaska, pour une fiction tournée dans sa propre contrée. Parmi les bonnes surprises du festival, enfin, on signalera une véritable résurrection de Wim Wenders dans un film documentaire remarquable sur la chorégraphe et danseuse Pina Bausch, Pina, malheureusement présenté hors compétition, et donc ignoré forcément du palmarès. Wenders arrive à saisir l’esprit de la chorégraphe disparue en utilisant de façon très originale la 3D, utilisée à point pour faire ressortir les saillances de l’art de Pina Bausch, superbement pérennisé de la sorte.

Comme à l’accoutumée, le Festival de Berlin, ouvert au grand public et fort populaire, avec des prix d’entrée très abordables, fut au moins aussi animé dans ses deux principales sections « parallèles » que dans la grande salle Marlène Dietrich de la Compétition. La section « Panorama » animée par Wieland Speck, en quelque sorte l’équivalent à Berlin de « Un Certain Regard » à Cannes, et le « Forum International du Jeune Cinéma » dirigé par Christoph Terhechte, refusèrent très souvent du monde, aussi bien dans les salles du quartier général du Festival, la « Potsdamer Platz », que dans les autres salles disséminées dans Berlin où le Festival se déconcentre pour le plus grand bonheur du public local. Il faut voir le plaisir des Berlinois rattraper les films de la compétition au « Friedrichspalast », une superbe salle de Music-Hall, ou envahir la vénérable salle du Delphi pour le Forum! L’apparition de l’importante section « Generation », qui remplace en partie l’ancienne section des film pour enfants du Festival devenue obsolète, comme la poursuite de l’importante opération « Talent Campus », qui voit apprentis cinéastes et critiques du monde entier venir passer quelques jours d’apprentissage intensif de leur métier au contact de grands professionnels, montre bien l’éclectisme, mais aussi le didactisme voulu par le Festival – sans compter le hobby de son directeur, la section « Cinéma et Cuisine« !

Du côté des professionnels, le Marché du Film berlinois dirigé de longue date de main de maître par Beki Probst, premier lieu de rencontre important de l’année pour les vendeurs et acheteurs du monde entier, a semblé marquer une reprise, après le mouvement déjà enregistré à Sundance. De nombreuses ventes y ont eu lieu, liées ou non à la présentation dans l’une des sections du Festival. Le film de Belà Tarr qui obtint le Grand Prix du Jury fut ainsi l’objet d’achats fébriles par les distributeurs de nombreux pays avant même que le palmarès soit connu. Bien que peu représenté dans les salles « publiques », le cinéma français se vendit également assez bien au Marché, et l’affluence dans le stand « parapluie » d’Unifrance au Marché du Film le montra bien. Pas moins de 33 écrans furent cette fois réservés pour les professionnels accrédités au Marché.

Comme à l’accoutumée, de nombreux autres événements se déroulèrent en marge du Festival, comme l’opération « Shooting Stars » de « European Film Promotion », l’organisme de promotion du cinéma européen à l’étranger, qui mit en valeur dix jeunes acteurs ainsi promus au rand d’espoirs du cinéma européen ou les célèbres « Teddy awards » du cinéma gay et lesbien, bien dans l’esprit d’émancipation qui caractérise le Festival de Berlin et la Ville qui l’accueille.

Philippe J. Maarek

Le 32e Festival de La Havane

Le 32ème Festival International du Nouveau Cinéma Américain de La Havane a présenté 199 longs métrages et 194 courts, de tous les pays d’Amérique Latine, de l’Argentine au Venezuela, dans 15 salles.

Le Jury de la Fipresci a donné son prix à Post Mortem de Pablo Larrain, une coproduction entre le Chili, le Mexique et l’Allemagne. Il a motivé son prix en qualifiant Post Mortem de « film envoûtant tout en étant également une métaphore pour une société décadente et répressive, aspirant à la dictature » (le Chili avant le coup).

Le réalisateur y a créé un monde fantomatique. L’acteur principal, Alfredo Casto, joue le rôle d’un assistant à la morgue qui semble avoir été aspergé de cendre blanche, un peu comme une vision post mortem de Buster Keaton. Il devient humain très brièvement, en tombant amoureux de sa voisine. Puis les tanks entrent en scène, et l’on découvre le corps meurtri d’Allende dans les décombres.

Le jury « principal » du Festival a décerné neuf prix, dont deux pour Post-Mortem qui a été le dauphin du Grand Prix, La Vida Util, de l’uruguayen Federico Veiroj.

Le film cubain le plus récompensé, toutes sections confondues, a été Jose Marti: El Ojo del Canario, de Fernando Perez Valdes, sur l’émergence du héros de la Révolution cubaine.

Le festival comprenait une section dédiée aux films venant de « Latinos » vivant aux Etats-Unis, souvent à propose de leurs difficulté d’y vivre, aussi bien que des films de non Latinos, comme le documentaire » de Saul Landau qui a eu un Emmy, Will the Real Terrorist Please Stand Up. Il y avait également des rétrospectives montrant des films noirs et d’horreur.

Oppression et révolution, avec le thème sous-jacent du désordre dans la société, étaient présents dans de nombreux films, comme La Mirada Invisible, de l’argentin Diego Lerman. L’ombre de Perón rode au-dessus d’une école dont le directeur demande à une jeune enseignante d’espionner les élèves.

Plusieurs films abordaient la question de la maltraitance des enfants dont Boleto Al Pa-iaiso, du cubain Geraldo Chijona, un film très aimé du public, à propos d’une jeune fille qui s’échappe de sa maison après que son père l’a violée. Elle se joint à un gang d’enfants sans domicile, vivant dans la drogue, le sex, le rock’n roll et pour finir avec le SIDA. Une sorte différente d’exil est décrite dans Larga Distancia, du cubain Estéban Insauti, qui traite des artistes de son pays pris entre deux mondes, une société en souffrance chez eux et un monde décadent ailleurs. De la Infancia, du mexicain Carlos Carrera Gonzalez, montre une famille terrorisée par un père violent sans foi ni loi. Quant à l’argentin Anahi Berneri, il dépeint dans Por Tu Culpa une mère frustrée, enfermée dans le monde moderne, qui est accusée d’avoir violenté ses enfants en bas âge.

Plusieurs films de femmes étaient en compétition, à commencer par Jean Gentil, de Laura melia Guzman, un film tourné en Créole et en Espagnol à propos d’un Haïtien en exil. Mais le film traitant des femmes le plus fort fut sans doute Los Labios, de Santiago Loza et Ivan Fund: trois travailleuses sociales traversent une Argentine où la détresse règne à l’extrême et finissent par y perdre leur identité.

Le public de La Havane fut extrêmement attentif, et nous avons senti que la forte fréquentation, les réactions vives aux scènes dramatiques montrées à l’écran apparaissaient un peu comme un exutoire à la situation locale, peut-être une forme de protestation, en tous cas un soutien au cinéma. En effet, le Festival est un moment important de l’année à La Havane, une ville où les enseignants suspendent leurs cours afin que les étudiants puissent aller au cinéma, et le public peut y voir des films qui leur parlent d’eux-même.

Joan Dupont

Photo: le Jury de la Fipresci à La Havane, (de g. à dr.) Ernesto Aguirre, Joan Dupont, la Présidente du Jury, Maja Bogojevic, Pedro Noa, Mario Abbade

Pour Jafar Panahi

Communiqué de Presse de l’Union des Journalistes de Cinéma du 20 décembre 2010

L’Union des Journalistes de Cinéma s’élève vigoureusement contre la condamnation du cinéaste iranien Jafar Panahi à six ans de prison, ainsi qu’à « une interdiction de réaliser des films, d’écrire des scénarios, de voyager à l’étranger ou de donner des interviews à des médias locaux ou étrangers durant les vingt prochaines années », selon les propos de son avocate.

La censure et l’atteinte à la liberté d’expression du grand réalisateur iranien ne suffisant apparemment pas, c’est à sa liberté tout court qu’il est maintenant porté atteinte, pour des raisons uniquement politiques.

Comme pour toute situation de ce genre, quel que soit le pays où elle a lieu, l’Union des Journalistes de Cinéma exprime sa solidarité et son soutien à Jafar Panahi.

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NB: L’UJC appelle à signer la pétition de soutien à Jafar Panahi, que l’on trouvera à l’adresse:

http://www.ipetitions.com/petition/solidarite-jafar-panahi/

Pierre Etaix relâché!

En 2007 et en 2008, l’Union des Journalistes de Cinéma avait fait partie des nombreuses organisations professionnelles qui ont soutenu le long combat de Pierre Etaix, dont les droits d’exploitation de l’oeuvre étaient bloquées pour d’obscures raisons. Après plusieurs années de lutte Pierre Etaix a pu obtenir que son oeuvre puisse à nouveau être montrée au public.

La plupart de ses films ont été restaurés, avec le soutien de la Fondation Technicolor et de la Fondation Groupama Gan. On peut à nouveau les voir en salle, et un beau coffret comprenant ses oeuvres les plus importantes (Le Soupirant, Yoyo, Le Grand Amour…) vient d’être publié par Arte/Studio 37.

Le 58ème Festival de San Sebastian Donostia

Lors de la cérémonie d’ouverture du Festival, le grand prix 2010 de la Fipresci, décerné au film The GhostWriter de Roman Polanski, a été reçu par l’actrice Olivia Williams, dans la très belle salle du Kursaal,

où avaient lieu la plupart des projections. L’autre moment fort de cette cérémonie a été l’hommage, rendu en français, de Goran Paskaljevic (président du jury international) à Claude Chabrol, enterré le matin même. Le film d’ouverture, Chicogrande de Felipe Cazals (Mexique) a été sans hésitation le plus décevant de la sélection, une évocation de Pancho Villa frisant le ridicule.

Dans la compétition officielle, beaucoup de morts violentes, notamment avec I saw the Devil de Kim Jee Woon (Corée du sud), 2h20 de meurtres insoutenables, des hectolitres de liquide rouge et d’interminables séances de tortures physiques : pourquoi un réalisateur si talentueux a-t-il besoin de racler ainsi les plus bas instincts de l’espèce humaine ? Pa Negre de Agusti Villaronga (Espagne) est une évocation de la fin de la guerre d’Espagne qui débute par un meurtre lui aussi très impressionnant, joli film néanmoins qui vaut à Nora Navas le prix de la meilleure actrice. Un suicide chez un vieux couple qui ne veut pas mourir grabataire, Satte Farben vor Schwarz, sujet très actuel traité par une jeune réalisatrice allemande, Sophie Heldman. Enfin violences sociales en Grande-Bretagne avec Neds de Peter Mullan, Concha d’Or 2010, ou comment la maladresse et l’ignorance des adultes peuvent engendrer le pire chez les enfants.

Pour souffler un peu, Genpin, le nouveau documentaire de la très talentueuse Naomi Kawase, prix de la Fipresci pour cette évocation d’une naissance sans violence. Avec les 4h30 de Misterios de Lisboa, Raoul Ruiz a embarqué les spectateurs dans une expérience surprenante de cinéma, du baroque dans lequel on met de la lenteur, des histoires à tiroir et en miroir. Amusant de sentir vibrer une salle pleine, un peu trop respectueuse dans la première partie et qui finit par rire aux éclats ou se laisser aller à pousser de grands soupirs d’exaspération à mesure que Ruiz déroule son ruban aux merveilles. Du côté de la contemplation, on vit Aita de l’espagnol José Maria de Orbe, poème graphique à une maison abandonnée, prix de la photo.

Dans les autres sections, le prix Kutxa du jeune réalisateur est allé à Carlos Cesar Arbelaez pour Los Colores de la montana, mais d’autres films méritent d’être signalés, comme Beautiful Boy de Shawn Ku (Etats-Unis) ou Chrest de Marcin Wrona (Pologne) qui, chacun avec un style très personnel, parlent d’une société en plein mutation où il est difficile d’avoir des repères ou des certitudes.

Mais un festival ne serait rien sans une vedette américaine et Julia Roberts, invitée d’honneur, présentait hors compétition, son dernier film Mange, prie, aime de Ryan Murphy. Conte de fées moderne où les jolies femmes peuvent manger des pâtes à volonté sans grossir, apprendre à méditer en Inde au milieu de compatriotes américains et trouver le mari idéal (tendre, disponible et riche) en Thaïlande. Elle est pas belle la vie, au cinéma ?

Le charme de San Sebastian, c’est aussi la mer, cet océan qui entre directement dans la ville. Le long des plages, véritables boulevards urbains, on peut méditer sur cet espace qui est à la fois la limite de la ville et le début de cet espace infini, toujours en mouvement, à la lumière changeante, aux reflets magiques. Spectacle parfait et toujours surprenant, comme du vrai cinéma dont on ne se lasse pas !

Magali Van Reeth

Le Festival de Toronto à son apogée!

D’année en année, le Festival de Toronto sait prendre avec une aisance remarquable une ampleur qui semble bien en faire maintenant l’un des deux plus importants rendez-vous du cinéma mondial avec Cannes. Avec l’ouverture cette année de son quartier général, Bell Lightbox, le Festival a pris en outre en 2010 une nouvelle figure, regroupant avec bonheur l’essentiel de ses activités dans le même quartier de la ville (voir par ailleurs)

Grâce à son éclectisme, sur lequel veille de longue date Piers Handling, maintenant aidé à la codirection du Festival par Cameron Bailey, le Festival de Toronto est en effet parvenu à présenter au début de chaque automne la quintessence du cinéma mondial d’auteur, tout en parvenant à conserver les faveurs du cinéma hollywoodien… et de ses stars, ce qui en fait aussi l’attrait.

Cette année, parmi les 339 films, en provenance de 59 pays (dont 258 longs métrages) projetés dans une vingtaine de sections, on pouvait y découvrir des films hollywoodiens en avant-première comme The Town, de Ben Affleck, ou The Conspirator, de Robert Redford, dans la section « Gala », qui attire tous les soirs stars, paillettes et photographes – et où la Potiche de François Ozon fut fort bien accueillie. Mais le Festival comprend aussi des parties moins directement tournées vers le grand public, comme la section « Discovery » où l’on projetait par exemple Notre Etrangère, le film Franco-Burkinabé de Sarah Bouyain avec Dorylia Calmel et Nathalie Richard ou Attenberg, le film de la grecque Athina Rachel Tsangari qui avait été l’une des révélations du Festival de Venise, quelques jours auparavant. Même les amateurs de cinéma fantastique ou marginal trouvent leur bonheur à Toronto avec la section « Midnight Madness » (Folie de Minuit), qui accueillait notamment en 2010 le grand retour de John Carpenter, le réalisateur du Halloween originel, avec The Ward.


L’explication de cette réussite à tous les niveaux tient sans doute au caractère non compétitif du Festival et à son éclectisme corollaire, puisque ses programmateurs, du coup, ne s’interdisent aucun film. Cette réussite tient aussi incontestablement à la présence d’un public passionné. Le Festival est en effet ouvert au grand public, contrairement à la plupart de ses homologues (et en particulier avec Cannes), et les acheteurs et vendeurs professionnels de films du monde entier ont appris à apprécier le grand naturel qui s’ensuit de l’accueil fait à leurs films.

La seule récompenses « officielle » importante données durant le Festival est d’ailleurs le Grand Prix Cadillac du Public, décerné cette année à The King’s speech, du britannique Tom Hooper. Colin Firth y interprète magistralement le Roi George VI d’Angleterre au moment de son accession inattendue au trône, à la suite de l’abdication d’Edouard VIII, son frère aîné. On notera que la Fipresci décerne également son Prix de la Critique Internationale lors du Festival, qui est revenu à l’Américain Swan Ku pour Beautiful boy.

Les producteurs et vendeurs français ont maintenant bien compris l’importance du Festival de Toronto: l’essentiel des nouveautés du moment en France fut présenté dans les différentes sections du festival. L’élégante réception organisée par Unifrance permit à nos professionnels de faire honneur à près de 300 de leurs homologues étrangers, leurs clients, en somme! De même, European Film Production, l’organisme de promotion du cinéma européen, organisa pour les professionnels européens deux événements fort courus, dont une initiative directement destinée à aider les coproductions entre l’Europe et le Canada, « Producers Lab Toronto« : trois jours d’échanges intensifs juste avant le Festival entre douze producteurs européens triés sur le volet et douze canadiens. Le cinéma, c’est aussi ça!

Philippe J. Maarek

BELL LIGHTBOX: CINQ ETAGES DE REVE POUR LE CINEMA A TORONTO

Après dix années, le rêve de Piers Handling, le PDG du Festival de Toronto et de Michelle Maheux, la Directrice Exécutive, s’est enfin réalisé: un superbe bâtiment de cinq étages flambant neuf , le « Bell Lightbox » (La Boite à Lumière de Bell) à peine terminé est devenu pour la première fois le quartier général du Festival. Il s’agit tout simplement du plus important bâtiment consacré au cinéma au monde, semble-t-il.

Grâce au départ à la donation d’un terrain en plein centre ville par la famille canadienne Reitman (les cinéastes Ivan – SOS Fantômes – et Jason – In the Air) – l’équipe du Festival a pu lever en une dizaine d’années et malgré la crise économique plus de 190 millions de dollars canadiens pour édifier un édifice permanent qui lui permet maintenant de poursuivre avec cohérence tout au long de l’année l’ensemble de ses activités: c’est-à-dire, au-delà du Festival annuel, la programmation d’une Cinémathèque, d’un festival de films pour enfants (Sprockets), etc.

Sur les cinq étages de Bell Lightbox, on trouve cinq salles de cinéma ouvertes au public tout au long de l’année, dont une grande de 550 sièges, deux galeries pour des expositions sur le cinéma, trois studios de montage et d’apprentissage, et, pour l’accueil du public, trois restaurants ou cafés, sans compter évidemment les bureaux du Festival et de ses autres manifestations. La première d’entre elles, destinée, cette fois, aux Torontois cinéphiles, Essential Cinema, leur présente les cent films jugés les plus importants de l’histoire du cinéma mondial par l’équipe des programmateurs du Festival, et a ouvert ses portes à peine le Festival terminé!

P.J.M.

The Ghost Writer de Roman Polanski, Grand Prix 2010 de la FIPRESCI

La FIPRESCI, la Fédération de la Presse Cinématographique Internationale, qui décerne ses Prix de la CritiqueInternationale dans la quasi-totalité des grands Festivals de Cinéma du Monde vient d’attribuer son Grand Prix 2010 du Meilleur Film de l’année à The Ghost Writer, de Roman Polanski. 296 critiques dumonde entier ont participé au vote.

Le prix a été remis à l’actrice Olivia Williams, qui tient l’un des principaux rôles du film, et qui représentait le réalisateur, lors de la cérémonie d’ouverture du Festival de San Sebastian le 17 Septembre 2010.

Les précédents récipiendaires de ce prix ont été : Pedro Almodóvar (All About My Mother, 1999, and Volver, 2006), Paul Thomas Anderson (Magnolia, 2000 and There Will Be Blood, 2008), Jafar Panahi (Le Cercle, 2001), Aki Kaurismäki (L’Homme sans passé, 2002), Nuri Bilge Ceylan (Uzak, 2003), Jean-Luc Godard (Notre musique, 2004), Kim Ki-Duk (Iron 3, 2005), Cristian Mungiu (4 Months, 3 Weeks and 2 Days, 2007) and Michael Haneke (Le Ruban blanc).

Pour toute information: FIPRESCI , Schleissheimer Str. 83, D 80797 Munich, Allemagne – Téléphone; +49 (89) 18 23 03, Fax: +49 (89) 18 47 66 – E-mail:  info@fipresci.orgwww.fipresci.org

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