Lumière 2013 Grand Lyon Film Festival
Il y a six ans, les grincheux ne voyaient pas comment on pouvait mettre en place un nouveau grand festival de cinéma en France, pays du Festival de Cannes où il y a pratiquement un festival par semaine et déclinant tous les thèmes possibles (sciences, histoire, humour, horreur et même films de parapentes). Avec le succès remporté par cette cinquième édition du Lumière Grand Lyon Film Festival, et le plaisir qu’on y a pris, on se demande comment on a pu faire partie de ces grincheux…
La grande originalité du Festival Lumière est de montrer des films classiques, des films rares et anciens, des restaurations récentes, des copies 35mm retrouvées par hasard. La plupart des réalisateurs sont morts : Germaine Dulac, Henri Verneuil, Ingmar Bergman, Cecil B. DeMille, Lino Brocka, Otto Preminger ou Sydney Pollack. Les films proposés, on en a toujours entendu parler et on ne les a jamais vu (Une Femme douce de Robert Bresson), ou on les a vu quand on avait 15 ans et on a un peu oublié ou rien compris à l’époque (Providence d’Alain Resnais) ; ou on en a jamais entendu parler (Gli Ultimi de David Maria Turoldo et Vito Pandolfi). Et pour faire venir le grand public, on invite des vedettes bien vivantes à présenter, devant les spectateurs, le film choisi. Des jeunes, des moins jeunes, acteurs ou réalisateurs. Il y a Clotilde Coureau et Rome ville ouverte, Belmondo pour Un Singe en hiver, Max Von Sydow pour Les Communiants, Eric Guirado pour A l’Est d’Eden. Il y a des hommages à Dominique Sanda en sa présence, un prix remis à Quentin Tarantino en sa présence.
Dans cette célébration du cinéma classique par ceux qui le font aujourd’hui, il y a une ambiance étonnante qui peut surprendre les habitués de Cannes. Ici tout le monde se mélange avec bonheur et sans heurts, personne ne hurle quand Uma Thurman entre dans la salle, personne ne remarque Luc Dardenne assis au milieu des spectateurs et personne (ou presque) ne s’étonne de croiser Fatih Akin sur les pelouses de la villa Lumière ou Tim Roth dans les rues du Vieux Lyon. En une semaine lyonnaise, on côtoie plus de vedettes qu’en 10 ans de Croisette. A Lyon, une seule couleur d’accréditation et des projections ouvertes à tous, les journalistes comme les lycéens.
On apprécie aussi que ces projections aient lieu dans de vrais cinémas, tous les cinémas de l’agglomération éparpillés dans des quartiers très différents, avec des habitués qui le sont tout autant. Même les grands cinémas commerciaux mettent à disposition quelques unes de leurs salles et se laissent envahir par un public moins portés sur le pop-corn et les comédies grassouillettes. Et bien évidemment, attirés par les frissons médiatiques du festival et le renom d’une vedette internationale, les Lyonnais redécouvrent leur cinéma de quartier.
Cette grande célébration du cinéma, orchestrée par Thierry Frémeaux avec l’aide des collectivités territoriales, du CNC et des spécialistes de la restauration des films, est une vraie réussite. Comme quoi le tapis rouge, c’est pas indispensable.
Magali Van Reeth
Le monde du cinéma se bouscule à Toronto!
D’année en année, le Festival International du Film de Toronto (TIFF) prend un peu d’ampleur supplémentaire et semble décidément ne pas pouvoir s’arrêter de croître. Plus que jamais, il a marqué les esprits en 2013 : les professionnels du cinéma du monde entier se bousculent désormais pour être présents à ce qui est devenu clairement le principal rendez-vous cinématographique de la seconde partie de l’année… sans compter l’engouement du public, toujours aussi assidu en de longues queues tout au long des trottoirs de la ville.
Piers Handling, le directeur de la manifestation, qui maîtrise depuis de longues années cette croissance avec l’aide de Michelle Maheux, Directrice exécutive, et Cameron Bailey, Directeur artistique, peut être satisfait. Une fois de plus, il a réussi à maintenir un équilibre a priori improbable entre l’internationalisation du Festival, son côté populaire et son côté professionnel, attirant aussi bien les oeuvres d’art et d’essai que les « blockbusters » hollywoodiens, les cinéphiles que les professionnels de l’achat-vente de films. Plusieurs films importants ont même dédaigné l’invitation du Festival de Venise pour ouvrir à Toronto en première mondiale, ce qui n’est pas peu dire.
Grâce à son public nombreux et chaleureux, Toronto sert de longue date de rampe de lancement aux premiers concurrents des Oscars, et 2013 n’a pas fait exception à la règle. Il fallut ainsi ajouter en urgence des projections pour les professionnels pour Gravity, qui a clairement confirmé le talent d’Alphonso Cuaron, dont la maîtrise de la 3D ne semble être égalée que par James Cameron et son Avatar. Gravity confirme aussi que Sandra Bullock, à 49 ans, non seulement maintient son statut de star, mais que sa prestation, toute d’énergie et d’animalité maîtrisée devant la peur de l’immensité sidérale où elle apparaissait perdue est bien partie pour se faire donner l’Oscar de la meilleure actrice.
Un des autres événements du Festival fut la première mondiale de «12 years a slave, où Steve McQueen, après Hunger et Shame, a réaffirmé qu’il était décidément l’un des grands réalisateurs du moment. Il y porte à l’écran l’histoire authentique d’un musicien affranchi noir enlevé en 1841 et réduit en esclavage pendant douze ans. Meilleur film, meilleure mise en scène, meilleure interprétation pour Chiwetel Ejiofor ou Michael Fassbender, les Oscars possibles sont nombreux pour ce film remarquable qui emporta d’ailleurs l’une des seules récompenses de ce festival non compétitif, le « Prix Blackberry du Public ». L’un de ses dauphins fut Prisonners, premier film « hollywoodien » du québécois Denis Villeneuve, l’auteur remarqué d’Incendies, auquel certains préférèrent d’ailleurs son… second film présenté au sein du Festival, Enemy. Jake Gyllenhaal y assume magistralement un double rôle face à Mélanie Laurent, au sein d’un Toronto filmé par Villeneuve de façon à donner une présence forte à son architecture aux gratte-ciels en croissance quasi-permanente, en des vues aériennes aux angles inédits et aux tonalités accordées à celles des personnages.
Mais le festival de Toronto ne s’arrête pas aux sections « Gala, Maîtres, et Presentations Spéciales » et aux « locomotives » nord-américaines, ni à la présence de dizaines de stars pour un film ou un autre, de Sharon Stone à Nicole Kidman ou Mathew McConaughey. Près de 400 films y furent projetés au total, et les foules y furent aussi nombreuses pour les œuvres d’auteur en provenance du monde entier projetées dans les sections « Découvertes», ou « Cinéma Mondial Contemporain », sans compter les plus ésotériques « Longueurs d’Ondes » ou « Avant-Garde », et la populaire section « Folie de Minuit »; Colin Geddes continue avec bonheur à y faire venir films d’horreur ou de « Série B » soigneusement sélectionnés, qui côtoient ainsi « blockbusters » et films « d’art et d’essai » dans le programme.
La Fipresci valide d’ailleurs ce dernier aspect par la présence de son jury de la critique internationale. Il a décerné deux prix, l’un dans la section « Présentations spéciales » à Ida, du polonais pawel Pawlikowski, et l’autre dans la section « Découvertes » à The Amazing Catfish, de la mexicaine Claudia Sainte-Luce. On rappellera, enfin, que par exception à la règle générale, un « vrai » jury siège pour décerner un prix au meilleur film canadien, qui revint cette année à Shayne Ehman et Seth Scriver pour leur film d’animation Asphalt Watches.
La délégation française, forte de près de 40 films fut guidée par Unifrance dont la nouvelle Directrice Générale, Isabelle Giordano, fût l’hôte de ce qui est sans doute la réception la plus courue par les acheteurs et vendeurs. Si l’on put voir à Toronto la Palme d’Or de Cannes cette année, La Vie d’Adèle, rebaptisé Blue is the warmest color pour les anglo-saxon, puisque le Festival n’est pas compétitif, c’est Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier qui fut la tête de file des films à nos couleurs. Son adaptation grinçante et souvent très drôle du roman et de la BD homonyme marque une vraie évolution pour un cinéaste dont on ne savait pas qu’il cultivait autant l’humour. Elle reste toutefois peut-être moins forte pour un public ne sachant pas qu’il s’agit d’une allusion au passage de Dominique de Villepin au Ministère des Affaires Etrangères.
Quant aux professionnels, ils ont attesté de la reprise économique incontestable en Amérique du Nord depuis la Crise de 2008 par quelques records dans les montants de leurs achats, dans un Festival qui est tout de même un Marché du Film sans le revendiquer… En particulier, on retient les 7 millions de dollars versés pour les droits en Amérique du Nord du film de John Carney Can a Song Gave Your Life ? où Mark Ruffalo donne avec son charme bourru coutumier la réplique à une Keira Kneightley attachante dont on ne savait pas qu’elle avait aussi des talents de chanteuse. De nombreux ateliers de travail étaient d’ailleurs organisés à l’intention des professionnels par le festival, ou par des organismes comme European Film Productions, qui réunit les société d’aide à l’exportation européennes. Ce dernier a réuni pendant trois jours une vingtaine de producteurs européens et canadiens dans le but de favoriser l’émergence de nouvelles coproductions entre les deux cotés de l’Atlantique. Yaël Fogiel, des « Films du Poisson », y représentait la France.
Le Festival a bénéficié, comme depuis deux ans, d’un quartier général où il dispose de plusieurs salles, l’immeuble du « Bell Lightbox », et s’est encore agrandi en 2013 d’une grande salle voisine, le théâtre « Prince Edward », accroissant ainsi sa capacité d’accueil du public… et des paparazzis. Ceux-ci durent se livrer sans arrêt à des choix cornéliens puisque cette salle est tacitement devenu d’emblée un troisième lieu quotidien de galas, avec l’immense « Roy Thomson Hall » et l’ « Elgin ». Pas d’escalier comme à Cannes, certes, mais trois fois plus de « grands événements » chaque soir !
Il est vrai que le festival est devenu l’étendard de la ville de Toronto, en tous cas l’un de ses pôles les plus attractifs pour la réputation de la ville, ce qui lui vaut d’être soutenu par de nombreuses grandes entreprises mécènes : la Banque Royale du Canada lui a même dédié une carte « Visa » avec un amusant visuel dédié ! Grâce à la pérennité due à son installation dans ses locaux, TIFF se prolonge maintenant toute l’année pour les habitants de la ville : on verra cet automne une exposition inédite sur l’univers de David Cronenberg, sans compter une programmation de films tout au long de l’année dans les salles du « Bell Lightbox ».
Philippe J. Maarek
Cartes « Vertes » pour 2014
La campagne 2014 pour le renouvellement ou l’octroi des cartes « vertes » de critiques de cinéma permettant l’accès des journalistes et critiques de cinéma est ouverte. Les dossiers doivent parvenir avant le 30 novembre au secrétariat de la Commission, assuré par le groupe Audiens sous l’égide de la Fédération Nationale des Critiques de la Presse Française (voir rubrique « La Profession »)
Avis de beau temps sur la lagune vénitienne
Entre créateurs aptes à imposer leur vision du monde et illustrateurs au talent plus que louable, cette 70e Mostra est un grand cru. Trois titres nous ont particulièrement marqués.
Dans cette 70e Mostra, plusieurs titres ont pour nous de très loin mené en tête une course plus divisée que jamais entre poids lourds et chevau-légers, entre créateurs aptes à imposer leur vision du monde et illustrateurs dont on peut à l’occasion louer le talent. Parmi les premiers il convient d’en isoler un, seul parvenu à explorer avec succès la voie de l’imaginaire contre celle de la réalité, l’onirisme à la Fellini et à l’occasion à la Kubrick dont il témoigne, relevant d’une extrapolation futuriste qui rejette moins la prise en compte de notre société que la négation de cette dernière. Il s’agit de Terry Gilliam qui, dans The Zero Theorem, s’interroge une fois de plus sur le sens de la vie, avec une acuité philosophique grotesque proche de celle qu’il avait portée à son apogée il y a trente ans dans Brazil. L’auteur lui-même insiste sur le fait que seule la mise à jour du regard et l’évolution de la société justifient d’avoir réinvesti ce classique. On retrouve dans ce budget modeste, même si chaque image est une source d’invention et de créativité qui met en valeur un Christoph Waltz méconnaissable, les figures symboliques de la jeune femme blonde qui suscite le désir (Mélanie Thierry), qu’elle soit réelle ou issue du monde virtuel des clics sur le clavier, et celui de l’ordonnateur de l’ordinateur (Matt Damon).
À l’opposé stylistique de The Zero Theorem, le film qui nous a le plus impressionné est l’Autre Heimat, chronique d’une vision, d’Edgar Reitz bien sûr (hors compétition). On croyait que Reitz en avait fini avec sa chronique du village de Schabbach développée en 1984 sur 929 minutes, travail prolongé en 1992 sur 25 heures et 32 minutes, puis en 2004 sur 10 heures et 58 minutes, mais nous étions à terme. L’histoire aux 140 personnages principaux et 5 000 figurants de ce petit village du Hunsrück, en Rhénanie, qui commençait au lendemain de la Première Guerre mondiale, nous avait conduits en 1982 et il n’y avait plus rien à raconter. Patatras ! Avec ce nouveau titre, Edgar Reitz nous fait le clou du « prequel », qui consiste à raconter ce qui s’est passé avant là où le « sequel », la suite donc, raconte ce qui s’est passé ensuite. Pendant quatre heures de projection, nous voici à nouveau sur les mêmes lieux, cette fois au milieu du XIXe siècle dans une Allemagne ravagée par la pauvreté et le despotisme alors que l’espoir des habitants repose pour nombre d’entre eux sur l’émigration en Amérique du Sud, celle de deux frères étant au centre de l’intrigue. Le noir et blanc est somptueux et l’intrigue passionnante. On reste sans fin saisi par le talent du cinéaste… comme nous l’étions depuis des dizaines d’heures de projection et plusieurs décennies de conception.
Parlons aussi de cette réussite qu’incarne Stephen Frears avec Philomena. Judi Dench, dont le rôle sent le prix d’interprétation, y incarne cette femme qui « fauta » jeune fille et se vit retirer son enfant par des religieuses irlandaises en 1952. Elle ne cessa de tenter de le retrouver. Touchant, juste et totalement réussi.
Jean Roy
Cannes 2013 : une palme pour « la Vie d’Adèle – chapitre 1 & 2 » : bravo
Un cinéaste est parvenu au sommet de l’épanouissement, il a été justement distingué. Lui, Abdellatif Kechiche, et ses deux actrices fétiches, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos.
Le 66e Festival de Cannes s’est achevé avec la proclamation du palmarès, la liste des heureux étant prononcée par le président du jury, Steven Spielberg. Ce n’est pas la première fois que nous assistons à cette cérémonie, doux euphémisme. Nous avons connu les années tempête, comme quand Maurice Pialat, se croyant insulté, s’en prit à la salle. Nous avons connu les années polémiques, les années mollement consensuelles. Jamais peut-être autant que cette fois nous n’avions vu palmarès autant applaudi, à commencer par cette palme d’or, longuement saluée debout par la salle, couronnant Abdellatif Kechiche, pour la première fois associé dans le communiqué officiel à ses deux admirables comédiennes, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, dont le réalisateur, au bout de cinq mois de tournage et des centaines d’heures impressionnées (ce qu’on appelle les rushs), a su tirer le meilleur, dans la digne suite du Bresson de Mouchette ou du Pialat d’À nos amours. Le film avait suscité les éloges de notre journal, ceux de presque toute la presse française, de la presse de partout, emportant hier le prix de la critique internationale (prix Fipresci).
Ce jury a aussi su faire preuve d’éclectisme
Nous avons pu maintenant vérifier qu’un jury composé d’artistes venus du monde entier avait partagé le même enthousiasme, que les trois heures de caméra portée traquant au plus près les visages et les corps n’avaient repoussé personne, que l’amour, y compris sous sa forme homosexuelle et féminine, était d’abord l’amour, renvoyant aux placards empoussiérés les dinosaures ayant manifesté le même jour à Paris leur dépit et leur haine. Notons aussi qu’Abdellatif Kechiche, après avoir salué « l’esprit de la liberté et de vivre ensemble », a tenu à saluer la révolution tunisienne (il est né à Tunis en 1960) avec une formule qui ne pourra que déplaire aux intégristes : « exprimer librement, vivre librement, aimer librement ». Cela dit, on ne peut que se réjouir que cette palme soit française et qu’elle couronne un de ces films hors longueur standard et hors norme qui font la justification et la fierté de l’exception culturelle, cela discrètement rappelé par Spielberg. Bravo donc également à Wild Bunch et Vincent Maraval, sans discuter ici de certaines de ses positions personnelles. Preuve par ailleurs que les subventions ne se résument pas à des fonds publics jetées au moulin des vanités, le film a été acheté par les Américains. Ce jury a aussi su faire preuve d’éclectisme en ignorant les prés carrés, répartissant ses lauriers en sachant être ouvert à différentes esthétiques à diverses régions du monde, Chine, Japon, Mexique, États-Unis. On peut bien sûr discuter tel ou tel choix mais, globalement, on ne peut que saluer ce verdict qui conclut une édition de haut niveau.
Grand Prix : Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
Prix de la mise en scène : Amat Escalante pour Héli
Prix du Jury : Tel Père, Tel Fils de Kore-Eda Hirokazu
Prix d’interprétation masculine : Bruce Dern pour Nebraska d’Alexander Payne
Prix d’interprétation féminine : Bérénice Béjo pour Le Passé
Prix du scénario : Jia Zhang Ke pour A Touch of Sin
Palme d’Or du meilleur court-métrage : Safe, de Byoung-Gon Moon
Caméra d’Or : Ilo Ilo d’Anthony Chen
Histoires de sorcières au Festival d’Ankara
Depuis 16 ans, un regroupement d’associations de femmes turques organise un festival de cinéma où les films présentés sont tous réalisés par des femmes… Entre étonnement et curiosité, je suis partie à Ankara, comme jurée Fipresci et j’ai découvert une sélection d’excellente qualité, dans une ambiance particulièrement chaleureuse.
Du 9 au 16 mai 2013, le Flying Broom International Women’s Film Festival – ou en français, le Balais volant, Festival international de femmes réalisatrices – a présenté un programme très copieux. 12 films dans la compétition internationale, 5 dans la sélection turque, 13 dans la catégorie « en résistance », 12 pour « la famille » plus une kyrielle d’autres mini programmes autour des courts, de l’écologie ou des documentaires. Enfin, deux hommages, l’un à la réalisatrice allemande et l’autre à la réalisatrice suédoise Mai Zetterling.
Le seul prix attribué à un film pendant ce festival est celui de la Fipresci, dans la sélection internationale. Il a été décerné à Queen of Montreuil de Solveig Anspach « pour l’optimisme avec lequel il traite des chagrins de la vie, de la solitude et du deuil, et pour ses deux personnages de femmes libres et artistes, qui nous montrent combien le cinéma est source de joie ». Mais plusieurs actrices et réalisatrices turques ont été récompensées, lors de la cérémonie d’ouverture et de clôture : notamment Perihan Savaş, Zeynep Aksu, Suzan Kardeş et Yildiz Kenter.
Les bonnes surprises ont été nombreuses dans ce festival. D’abord parce que, pour la première année, il y avait 5 films de réalisatrices turques, ce qui a permis de faire une section à part et de prouver la vitalité des femmes cinéastes dans ce pays. Auréolé d’un grand succès populaire, Araf (Somewhere in Between, 2012, 124′) de Yeşim Ustaoğlu raconte l’histoire d’amour malheureuse entre une très jeune fille idéaliste et un beau ténébreux (ah, le charme d’un 35tonnes rouge sur une aire d’autoroute…). Mais si la première partie est réalisée avec beaucoup de finesse, la suite est trop maladroite pour convaincre. Le sujet d’une grossesse non désirée est sans doute encore trop délicat pour être traité autrement que frontalement. J’ai été plus séduite par le premier film de Belmin Söylemez, Şimdiki Zaman (Au Présent, 2012, 110′), histoire moins dramatique et plus universelle d’une jeune femme un peu perdue dans sa vie et dans sa ville. Elle trouve un travail de diseuse de bonne aventure, qui lui permet d’exprimer son malaise.
Beaucoup de bons films dans la sélection internationale, notamment Baby Blues (2012, 98′) de la polonaise Katazzyna Roslaniec où cette fois la très jeune mère veut son bébé pour combler un gros manque affectif. Une dénonciation radicale et très dynamique de l’égoïsme et de l’immaturité affective de nos contemporains. Ginger and Rosa (Royaume-Uni, 2012, 90′) de Sally Potter conjugue l’explosion de la famille nucléaire sur fond de militantisme anti-nucléaire, avec Elle Fanning dans le rôle principal, bien obligée de grandir devant tant de déceptions. Le film sort en France le 29 mai prochain. Atmosphère étrange et belle photographie pour le film de Threes Anna, Silent City (Pays-Bas, 2012, 76′), où une jeune Européenne effectue un stage de découpe de poissons chez un grand maître japonais : ça redonne des couleurs aux suhis !
Monica Treut est venue elle-même présenter 4 de ses films et participer à des débats passionnés dans ce pays où l’homosexualité est encore considérée comme une maladie mentale et où on n’ose pas s’afficher en public. Etonnant de voir avec quelle émotion les spectateurs posaient leurs questions, étonnant aussi de voir l’assiduité d’un groupe de jeunes femmes voilées à ces projections… Comme quoi ce festival répond à une véritable attente et qu’il faut toujours des sorcières venues de loin pour changer le cours des événements.
La dernière sorcière venait du grand Nord et la découverte de l’œuvre de Mai Zetterling a été un grand plaisir de cinéma. Les Amoureux (1964), Jeux de nuit (1966), Les Filles (1968) et Amorosa (1986) sont des films aussi brillants que surprenants. Une mise en scène virevoltante pour des personnages hors normes confrontés aux préjugés bourgeois, joués par des actrices pétillantes. La réalisatrice suédoise, morte en 1994, est étrangement absente des catalogues et des rétrospectives des festivals généralistes. Son cinéma est pourtant très novateur (trop peut-être messieurs les critiques ?) radical, avec une mise en scène éblouissante. Il fallait coiffer son chapeau pointu et enfourcher son balai magique pour voler jusqu’à Ankara, et participer à cette belle réunion de sorcières et de cinéma pour en profiter.
Magali Van Reeth
Lien site festival : http://festival.ucansupurge.org/english/index.php
Les Prix de l’UJC 2013
L’UJC a décidé pour la huitième fois d’attribuer pour la huitième fois ses prix annuels destinés à mettre en valeur les métiers du journalisme cinématographique:
• le Prix de l’UJC 2013, pour l’ensemble de son œuvre, à Pascal Mérigeau
• le Prix de l’UJC de la jeune critique 2013 à Noémie Luciani
• le Prix de l’UJC de la meilleure biographie ou du meilleur entretien 2013 concernant une personnalité du cinéma, à Eric Libiot et Christophe Carrière pour leur entretien avec Michael Haneke dans « L’Express » du 24 octobre 2012 (l’entretien est toujours accessible gratuitement en ligne à http://www.lexpress.fr/culture/cinema/michael-haneke-il-faut-saisir-le-spectateur-pas-l-etouffer_1178656.html )
• La Plume d’Or 20131 du meilleur journaliste de cinéma de la Presse étrangère en France, enfin, a été décernée pour la huitième fois conjointement par l’UJC et l’Association de la Presse Etrangère à Lisa Nesselsson, pour sa couverture pluri décennale du cinéma français dans la presse anglo-saxonne.
L’Europe de l’Est à l’honneur au 63° festival de Berlin
La 63ème édition de la Berlinale aura confirmé que le Festival de Berlin est durablement implanté dans le paysage des « grands festivals » cinématographiques, et, surtout, constitue le premier grand rendez-vous international de l’année des professionnels. Il reste, en même temps, un festival populaire, puisqu’il est ouvert au public, qui l’a plébiscité en 2013 avec un chiffre annoncé de plus de 250.000 spectateurs. Les films venant d’Europe de l’Est y ont cette année remporté de nombreux prix.
A tout seigneur, tout honneur, parmi les films présentés en compétition officielle, le jury présidé par Wong Kar-Waï a en effet décerné la récompense suprême, l’Ours d’Or, au roumain, « Poziţia Copilului » (« Child’s Pose »), de Călin Peter Netzer (ci-contre avec sa productrice). Il a ainsi rejoint pour une fois le Prix de la Critique Internationale (Fipresci), ce qui n’est pas si courant! Consacré à la dénonciation de la corruption, le film montre avec une grande sobriété de style les efforts désespérés d’une femme d’un milieu favorisé pour sauver de la prison son fils, auteur d’un accident mortel, quitte à corrompre policiers, témoins, et même parents de l’enfant tué. L’autre grand vainqueur du palmarès, est encore en provenance de l’Europe de l’Est. Il s’agit de Danis Tanović, le scénariste et réalisateur bosniaque qui avait reçu, entre autres, l’Oscar du meilleur long métrage étranger pour son premier film, « No man’s land », également prix du meilleur scénario à Cannes en 2001. Son film, « Un épisode dans la vie d’un ramasseur de fer », a remporté deux Ours d’Argent: le Grand Prix du Jury, et, pour l’acteur Nazif Mujić, le prix de la meilleure interprétation masculine – Paulina Garcia recevant le prix de la meilleure interprétation féminine pour le chilo-espagnol « Gloria », de Sebastian Lelio. Le cinéaste iranien Jafar Panahi, toujours empêché de sortir de son pays et sous le coup d’une condamnation à ne plus exercer son métier, a reçu quant à lui un prix du meilleur scénario pour « Pardé », co-réalisé avec Kamboziya Partovi.Quant aux Français, ils sont revenus bredouilles, si l’on met à part l’Ours d’Or spécial pour sa carrière remis à Claude Lanzmann, le réalisateur de « Shoah », à qui le festival a consacré une rétrospective.
Le Festival de Berlin ne se limite en effet pas à la compétition officielle et aux ors du tapis rouge orchestrés par Dieter Kosslick, son Directeur. Cette année, la sélection officielle alourdie par quelques films convenus, de l’avis général, méritait ainsi parfois d’être oubliée au profit par exemple de la section « Panorama », dirigée par Wieland Speck, qui est l’équivalent d’un « Certain Regard » à Cannes. Méritait ainsi très largement le détour des films forts, comme « Exposed », présenté dans l’intéressante section « Documentaire » du « Panorama », oeuvre audacieuse qui marque un retour de la cinéaste Beth B.. De même, fut apprécié dans une section dite « Berlinale Special », « The look of Love », l’excellent docu-fiction consacré par Michael Winterbottom à Paul Raymond, l’ancien magnat britannique des magazines et spectacles « risqués » des années 60 à 80. Ajoutons y les perspectives ouvertes par le « Forum International du Jeune Cinéma » dirigé par Christoph Terhechte, quipeut être comparé aux sections « parallèles » cannoises. On y remarqua notamment « Krugovi », du cinéaste serbe Srdan Golubovi, une introspection sur les guerres civiles qui ont déchiré l’ancienne Yougoslavie, un film qui reçut le Prix de la Critique Internationale (Fipresci) pour la section du Forum – encore l’Europe de l’Est! Moins courues par les professionnels, par manque de temps, les sections « Géneration 14 », « Cinéma culinaire », où un repas suit les projections, et la rétrospective, furent en revanche fort suivies par le public berlinois, qui peut en outre bénéficier maintenant d’une décentralisation du festival à travers toute la ville. Nous avons pu constater que les cinémas de l’ancienne partie orientale de la ville étaient aussi remplis que les salles principales de la « Potsdamer Platz ».
Quant aux professionnels du cinéma du monde entier, acheteurs et vendeurs, ils répondirent largement à l’appel du Marché du Film berlinois, qui est incontestablement devenu leur premier grand rendez-vous de l’année, sous la houlette assurée de Beki Probst, sa directrice. Les professionnels américains s’y rendent en particulier à nouveau de plus en plus nombreux, obligeant le Marché à ouvrir de nouveaux lieux d’accueil, en sus du bâtiment principal du Marché, le « Martin Gropius Bau ». Le grand stand Unifrance y fut fort achalandé, et pour la seconde année, les « indépendants » américains, y ont donc repris des espaces. On rappellera enfin la poursuite de la populaire opération « Talent Campus », destinées aux futurs jeunes talents des métiers du cinéma, et la seconde année d’ouverture de la « résidence », berlinoise, sorte de « Villa Médicis » allemande pour futurs cinéastes.
De nombreux autres événements se déroulent traditionnellement en marge du Festival. On citera ainsi la très officielle opération « Shooting Stars », destinée à faire connaître de jeunes acteurs européens prometteurs, organisée par « European Film Promotion », qui regroupe les organisme de promotion du cinéma européens à l’étranger, ou la remise des « Teddy awards », les prix faisant honneur à la tradition libertarienne de la ville de Berlin.
Philippe J. Maarek
Pour la défense des droits des Journalistes et Critiques de Cinéma sur Internet
Communiqué de Presse du 4 février 2013
Devant la diversification des supports de presse, l’Union des Journalistes de Cinéma rappelle solennellement qu’Internet n’est pas une zone de non droit.
En particulier, la critique de cinéma et les articles journalistiques sur le cinéma sont écrits par des auteurs dont il faut de facto respecter les droits, et leur reprise sur Internet ne peut pas être automatique sans respect des droits d’auteur, aussi bien dans leurs aspects financiers que moraux.
De même, la cession et le rachat de plus en plus fréquents de sociétés de presse, même après un dépôt de bilan, n’exemptent pas du respect des journalistes titulaires des droits d’auteur
Le Black Night Film Festival de Tallinn
Un mega-festival se forme dans l’Europe du Nord-Est !
Le 16e Tallinn Black Night Film Festival (à Talinn en hiver, la nuit tombe vers 16h) propose un large programme de séries de compétition et de séries secondaires:
– « Eurasia », la compétition principale,
– la compétition du meilleur film estonien, la « Tridens Herring » compétition, qui présente des oeuvres baltes et nord-européennes (Allemagne incluse)
– la compétition « North American Indies »
– les « Section des droits de l’homme », « Nord Lights », « Forum » et « Panorama » et même d’autres programmes nationaux et thématiques.
Au-delà, le Black Night Film Festival comprend pendant les premiers jours un festival à part entière de court-métrages et des films d’étudiants, aussi connu sous le nom « Sleepwalkers ». C’est un programme international mais où il y a surtout des films estoniens et baltes et ceux de la très prometteuse « Baltic Film and Mediaschool ». De plus, un festival de film d’animation et de film pour enfants complète le programme ainsi qu’un marché du film qui gagne en importance d’année en année (il est concentré sur les derniers jours de la quinzaine du festival). L’équipe du Black Night Festival s’occupe de tous ses invités avec une attention chaleureuse qui rend difficile le départ.
Le principal prix a été remporté par l’ukrainien « House with a Turret » d’Eva Neymann. Ce film en noir et blanc montre avec intensité le large éventail du sentiment de solitude. Solitude seulement du personnage principal, un garçon de huit ans, qui, en temps de guerre, se met à la recherche de son grand-père dans un paysage hivernal après avoir perdu sa mère décédée dans un hôpital provincial, mais aussi solitude de tous ceux qu’il croise sur son chemin. La caméra suit son regard enfantin sur une réalité cruelle. Ce n’est que dans ses rêves qu’il trouve de la paix et du bonheur. Ces petits moments d’évasion malgé les désastres environnants sont capturés avec une grande sensibilité poétique par Neymann.
Hors du commun est également « Wadjda », la première oeuvre du cinéaste Haifaa Al-Mansour qui est aussi le premier film entièrement réalisé et finalisé en Arabie-Saoudite. Al-Mansour, trace le portrait, souvent en caméra cachée, d’une fille rebelle et sûre d’elle de douze ans dans son entourage hypocrite, dont le quotidien est parfaitement structuré par des règlements, sous la surveillance de sa mère et son professeur. En dépit de tous les obstacles, elle cherche un chemin vers plus de liberté et d’autonomie, n’abandonnant jamais son rêve d’avoir une bicyclette, symbole de la révolte féminine contre une éducation stéréotypée. Pour atteindre son objectif, elle apprend des extraits du coran par coeur, car ainsi elle pourra gagner des prix. Elle se révèle plus talentueuse que ses condisciples dévotes. Avec un humeur fin en évitant pathos et polémique, Al-Mansour offre un regard intense sur une société en transformation lente vers le respect de l’individualité et la reconnaissance du droit à l’autonomie.
Une autre contribution impressionnante venant de la Grèce, « Boy is eating the bird’s food » d’Ektoras Lygizos, plonge dans l’univers d’un jeune homme aux perceptions troublées et au comportement psychotique et instable. Les gros-plan systématiques ne permettent au spectateur ni de voir l’ensemble et ni de prendre distance mais le positionnent dans une situation claustrophobe dans laquelle se trouve également le protagoniste. Dans une transe provoqué par une manque de nourriture, avec des mouvements précipités et non-contrôlés, celui-ci goute et avale tout ce que se trouve dans son entourage immédiate, y compris la nourriture pour ses deux oiseaux, les seuls êtres vivants dont il s’occupe vraiment. La désorientation de cet esprit confus évoque le « Requiem for a dream » de Darren Aronofsky.
La contribution allemande, « Hanna Arendt » de Margarethe von Trotta, gâche malheureusement le sujet important de la confrontation avec la banalité administrative du « mal » qui est devenue une évidence choquante pour Arendt au cours du procès Eichmann en Israël. Le film se réduit aux aspects sentimentaux de l’entourage privé d’Arendt, celui de quelques intellectuels immigrés aux Etats-Unis, ainsi que de ses amis israéliens, sans oublier Heidegger, qui, dans un flashback, se met à genou devant elle en faisant une déclaration d’amour. Tous ces personnages sont représentés comme une horde de jeunes hystériques, entre rancune et moralisation simpliste. Heureusement, Trotta donne quelques minutes de pur plaisir intellectuel en mettant en scène le discours d’Arendt sur la dignité de la pensée dans une conférence magistrale. Un passage qui reste dans les mémoires.
Au sein du programme « Eurasien » et du programme estonien, Toomas Hussard s’est fait remarquer avec « Mushrooming » pour sa représentation satirique de la dégradation mentale et morale d’un politicien de haut rang et d’une rockstar dans des situations critiques et néfastes pour leur carrière. Sans doute, ce sujet est-il d’actualité, au moment où l’on soupçonne de corruption faits à certains politiciens de haut rang en Estonie… Hussar montre avec lucidité la manipulation des faits par les mass-média. On remarqua également dans la section estonienne le film « Demons » d’Ain Mäeots, qui est apparemment une étude sur la mentalité d’un joueur, mais qui montre plus généralement la confrontation des naïfs avec les fausses promesses d’une société de consommation, qui mène à la catastrophe tous ceux qui ne sont pas fin prêts pour ses jeux et risques.
Au sein de la compétition « Tridens Heering » qui regroupe des productions nord-européennes et baltes, la contribution allemande de Jan Ole Gerster a retenu un vif intérêt. Son film « Oh boy » est une nouvelle variante d’une histoire banale : le désarroi et la difficulté d’un jeune homme d’accepter un statut ou un rôle dans la société. Dès le début du film, il refuse l’invitation de sa copine de rester, ses démarches concernant son permis de conduire le confrontent avec les rituels sadiques mais bureaucratiquement justifié de l’administration, son père, la caricature d’un homme d’affaire fortuné, ne lui offre pas de perspectives, et même les rencontres avec des personnes apparemment libres comme une actrice, jadis amoureuse lui, se révèlent problématiques. L’absence d’un modèle de vie acceptable lui donnant du sens culmine dans une dernière rencontre avec un vieux solitaire dans un bar berlinois qui n’a pas trouvé le chemin vers la sociabilité pendant toute sa vie et qui meurt peu après à l’hôpital sans un seul parent autour de lui. Pour le jeune personnage principal, le vieil homme devient alors ce que pourrait être dans le futur sa propre vie s’il ne trouve pas sa voie. Gersten a souligné qu’il a fait un film très subjectif, basé sur ses propres expériences, et n’a pas cédé à la tentation de mettre en scène un scénario plus prometteur. Son film est sorti avec succès en Allemagne, spécialement à Berlin.
Le deuxième film hors des sentiers battus de « Tridens Heering » vient de la Russie. « La Fille » d’Aleksandr Kasatkins et de Natalya Nazarova fait vivre l’ambiance d’une petite ville provinciale russe et de ses adolescents pour lesquels cet endroit est équivalent d’un monde sans futur. D’un côté, par défaut, ils se réfugient dans le monde bien contrôlé du sexe facile et des drogues, et de l’autre ils sont confrontés avec les valeurs de la religion orthodoxe qui leur reproche leurs péchés. A travers un climat de violence, où le problème du secret de la confession s’oppose à la révélation de situations extrêmes comme des pratiques de tortures policières, les cinéastes parviennent à dessiner une histoire d’amour timide et douce qui ne paraît jamais forcée notamment grâce à la performance convaincante des jeunes acteurs. Le jury de la FIPRESCI attribue son prix à cette oeuvre complexe et actuelle.
Dieter Wieczorek