Onze jours en mai…
Ce fut mon… 34e festival de Cannes, eh oui ! Enfin le premier, en 1982, je n’étais pas critique mais photographe, pour l’édition quotidienne du Film français. C’étaitd’ailleurs une très bonne manière de découvrir les lieux,et leurs coulisses, mêmes si pratiquement tout devait changer ensuite : c’était la première année de Jack Lang (qui ne quittait pas d’une semelle le président du jury, Giorgio Strehler, impressionnant) et la dernière année de l’ancien palais, du moins comme lieu de la compétition officielle. Mes obligations de photographe m’avaient empêché de voir des films cette année là sauf, mon devoir accompli, l’ultime film en compétition, stridence et enchantement du Passion de Jean-Luc Godard, puis la toute dernière séance officielle qui se soit donné dans la vénérable bâtisse, soirée de clôture avec E.T. en première mondiale, et Steven Spielberg les baskets sur la rambarde du balcon d’une salle enthousiaste. Pas mal pour commencer.
J’ai loupé l’année 1983, depuis je n’ai plus raté ne serait-ce qu’une journée. Avec toujours ce sentiment étrange en écoutant tant de festivaliers se plaindre d’à peu près tout et de son contraire. J’ai dû entre-temps fréquenter aussi quelque 150 autres festivals de part le monde, souvent avec plaisir, il n’y a en a aucun où je sois assuré à l’issue de la manifestation d’avoir vu en si peu de temps autant de bons films, ni rencontré autant de gens que je suis content de voir, et qui pour beaucoup vivent au loin le reste de l’année. Au risque de passer pour un ravi de la crèche, il m’est impossible de me plaindre de Cannes en tant que tel, et j’écoute chaque année avec un certaine perplexité de bons camarades m’expliquer que non, cette fois, c’est moins bien que l’an dernier, qu’il s’agit d’une édition plutôt moyenne, qu’à l’évidence les grands films ne sont pas là.
Assurément ils n’y sont pas tous, il y a même souvent un, deux, trois film essentiels découverts dans un autre festival, ou hors festival. Mais sauf erreur, il n’est possible nulle part ailleurs de découvrir un nombre aussi élevé de films véritablement significatifs, mémorables, et d’une réelle diversité. Et cela de manière continue, année après année, depuis plus de 30 ans.
Assurément cela n’empêche pas de déceler des disfonctionnements, de vouloir faire des propositions, de chercher ce qui peut être amélioré. Ce ne peut être, selon moi, que des ajustements, des rééquilibrages. Comme d’ailleurs le système mixte public-privé du cinéma en France dans son ensemble, système dont il est une composante en même temps qu’une vitrine, le Festival de Cannes court surtout le risque de dévoiement de ses qualités, la routine ou l’exagération de ce qui était à l’origine un élément bénéfique tendant naturellement soit à croitre exagérément soit au contraire à s’étioler : c’est la caractéristique même des organismes vivants.
Festivalier blanchi sous le harnais, j’ai aussi appris à ne pas souffrir plus que de raison d’un palmarès avec lequel je suis en désaccord au moins deux fois sur trois – et comme j’étais enchanté de celui de l’an dernier, il était plus que prévisible que celui de cette année me paraitrait navrant, ce qui fut le cas. Nul ne peut prévoir ce qui émergera d’un jury, dont la composition répond à une logique inextricable : la première fonction du jury à Cannes n’est pas de décider des récompenses, mais d’être à Cannes, et si possible de monter les marches un nombre de fois aussi élevé que possible. Sa composition doit donc permettre le rayonnement glamour et l’affichage d’une diversité qui sont des garanties majeures de la puissance du festival, et donc de sa capacité à aider des films. Ceux qui ne voient pas que la présence de Wilhem Dafoe et de Carole Bouquet sur le tapis rouge fait partie de ce qui permet la reconnaissance internationale de Naomi Kawase ne comprennent rien au Festival de Cannes. Ensuite, ces personnalités brillantes et totalement hétérogènes, qui entretiennent avec les cinémas du monde des relations extrêmement variées (y compris la totale ignorance) se retrouvent à devoir prendre une décision très complexe. Pas étonnant qu’on se retrouve avec des palmarès quei ressemblent à monstres bizarres – je ne parle pas ici de choix différents de mes goûts, c’est une autre affaire, mais de palmarès incohérents ou illisibles. C’est à peu près inévitable.
Les jours d’optimisme, je me dis qu’il serait peut-être heureux de rétablir un usage éliminé il y a une vingtaine d’années, à savoir la présence d’un critique parmi les jurés. Non pas que les critiques aient meilleur goût que qui que ce soit – grand dieu non ! – mais disons qu’il est possible d’espérer que, par formation, il lui soit possible de faire partager aux autres membres du jury une perception d’ensemble, disons, au sens très large, un «discours» sur le cinéma tel que la sélection l’a, durant une dizaine de jours en mai, incarné.
On connaît bien sûr des exemples où un jury y a fort bien réussit tout seul – je pense au jury présidé par Wim Wenders l’année de Soderbergh, à celui présidé par Isabelle Adjani où Nanni Moretti joua un rôle majeur l’année de Kiarostami et d’Immamura, à celui présidé par David Cronenberg l’année des Dardenne et de Dumont. Mais il y a quelque espoir que dans nombre d’autres cas, une telle présence aurait aidé à construire un palmarès qui n’en aurait eu que plus d’efficacité pour renforcer les films, de les aider à vivre, à être vus et aimés. Puisque c’est bien de cela qu’il s’agit à la fin.fait partie de ce qui permet la reconnaissance internationale de Naomi Kawase ne comprennent rien au Festival de Cannes. Ensuite, ces personnalités brillantes et totalement hétérogènes, qui entretiennent avec les cinémas du monde des relations extrêmement variées (y compris la totale ignorance) se retrouvent à devoir prendre une décision très complexe. Pas étonnant qu’on se retrouve avec des palmarès qui ressemblent à monstres bizarres – je ne parle pas ici de choix différents de mes goûts, c’est une autre affaire, mais de palmarès incohérents ou illisibles. C’est à peu près inévitable.
Jean-Michel Frodon
Les prix de l’UJC 2014
L’UJC a décidé pour la neuvième fois d’attribuer des prix annuels destinés à mettre en valeur les métiers du journalisme cinématographique. La cérémonie a été présidée de concert par Constantin Costa-Gavras et par Jean Roy.
Quatre prix ont été décernés en 2014 (au titre de 2013) :
• le Prix de l’UJC 2014, pour l’ensemble de son œuvre, à Pierre Murat
• le Prix de l’UJC de la jeune critique 2014 à Julien Gester
• le Prix de l’UJC de la meilleure biographie ou du meilleur entretien 2014 concernant une personnalité du cinéma, à Bernard Bastide pour son livre-entretien « Bernadette Lafont, une vie de cinéma » (Ed. Atelier Baie).
• La Plume d’Or 2014 du meilleur journaliste de cinéma de la Presse étrangère en France, enfin, a été décernée pour la neuvième fois conjointement par l’UJC et l’Association de la Presse Etrangère à Alex Vincent, pour sa couverture pluri décennale du cinéma français dans la presse hispanophone.
Les 4° Rencontres cinématographiques professionnelles du Sud d’Avignon
Réunis pendant 6 jours à Avignon, du 18 au 22 mars, les exploitants de la région ont pu assister aux projections proposées par les distributeurs nationaux, souvent présentées par l’équipe du film, comme ce fut le cas avec Frédéric Shoendoerffer pour 96 heures, Coline Serreau avec le documentaire choc Tout est permis ou Alexandre Arcady avec 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi. Ces projections étaient couplées avec des avant-premières tout public dans les cinéma de la ville et de la périphérie d’Avignon, où les équipes pouvaient rencontrer leurs futurs spectateurs. Un partenariat avec l’Université, des lycéens et une programmation jeune public complétaient ce programme copieux, 20 films pendant une semaine de cinéma, à laquelle quelques journalistes étaient conviés. Grâce à une excellente organisation et une équipe disponible et efficace, cette nouvelle édition des Rencontres a été un vrai succès.
La sortie des films programmés est prévue d’ici le mois de mai et, si les films français étaient majoritaires, plusieurs genres et pays étaient représentés. Notamment D’une Vie à l’autre de Georg Mass, grand succès en Allemagne, qui sera en salle le 7 mai prochain. Malgré ses défauts, Salaud, on t’aime, le nouveau film de Claude Lelouch, reflète une tendance lourde dans le cinéma de ces derniers mois : le chaos familial que les couples imposent à travers les séparations, divorces et nouvelles unions. Et la rancœur des enfants concernés, quelque soit leur âge. En prenant Johnny Hallyday (génération triple Y ?) pour jouer une version médiatique de son propre rôle, Lelouch mêle sans pudeur vie privée, vie intime et vie professionnelle.
Dans les autres films de séparation, on trouve une comédie française, Les Yeux jaunes des crocodiles de Céline Telerman avec Julie Depardieu, Emmanuelle Béart et Patrick Bruel, où il est amusant de constater que le père va finir dans la mare avec les crocodiles pendant que son idiote de fille a simplement honte de sa mère ; un film américain, Last Days of Summer de Jason Reitman, où un jeune garçon contemple, à mi-chemin entre fascination et horreur, des adultes se mettre sans cesse en danger. Mais pourquoi ce titre alors que le film est tiré d’un roman, Labor Day, traduit en français par Long Week-end ? Dans une co-production entre la Jordanie et le Qatar, May in the Summer de Cherin Dabis, Hiam Abbas joue une mère divorcée, aux prises avec les récriminations de ses trois filles à la veille du mariage de l’une d’entre elles. Heureusement, Lucas Belvaux avec Pas son genre, une savoureuse comédie philosophico-romanesque, nous montre une jeune femme capable d’assumer ses choix et de protéger les siens d’une union bancale avec un prof aussi charmeur qu’indécis. Avec une Emilie Dequenne éblouissante, vibrante d’énergie et d’aspiration au bonheur.
Grâce à d’excellents programmes de restauration des films du patrimoine, ces journées professionnelles proposent régulièrement quelques trouvailles. Cette fois, c’était Cutter’s Way d’Ivan Passer (1981) qui a séduit les participants. Un film sur une époque où les anciens combattants du Vietnam noyaient leur amertume dans l’alcool plutôt que dans les anti-dépresseurs, où les jeunes gens portaient des pantalons de velours côtelé et où même dans les films américains, on faisait l’amour sans sous-vêtements. Une scène d’ouverture bluffante et un finale épique, avec un cheval blanc et un justicier boiteux, un très beau film ! Sortie en salle prévue le 25 juin.
Un seul regret : une programmation trop axée vers le grand public. Mais ces Rencontres, très intenses et organisées avec enthousiasme, ont permis de faire revivre quelques jours le cinéma Capitole, récemment fermé. Elles ont aussi donné à tous les participants un goût de prolongement, l’envie de se retrouver à Avignon l’an prochain, pour une nouvelle édition, ou peut être pour un vrai festival un jour !
Magali Van Reeth
L’Union des Journalistes de Cinéma demande à Aurélie Filipetti de reclasser immédiatement Nymphomaniac normalement
Communiqué de Presse du 28 février 2014
Alors que le film de Lars Von Trier avait été autorisé par la Commission de Classification des Films, suivi par le Ministère de la Culture, aux mineurs de moins de 12 ans (pour la première partie) et de moins de 16 ans (pour la deuxième partie), une association a réussi à obtenir d’un juge administratif en urgence une suspension de cette classification, pour une mesure plus dure (moins de 16 ans et moins de 18 ans).
Même si cette suspension de la décision de classification n’est que temporaire, puisqu’un jugement interviendra par la suite pour la valider ou non, il est clair que cette suspension correspond à un arbitraire inadmissible dans un pays où la liberté d’expression ne devrait absolument pas, par principe, être soumise à une censure préventive – au-delà des conséquences économiques importantes de cette censure, qui limite considérablement les possibilités de diffusion du film à la télévision, en particulier.
Dans le cas du cinéma, cette décision est d’autant plus étonnante qu’une Commission de 28 membres et 55 suppléants (où les professionnels du cinéma ne sont même pas majoritaires, mais des représentants de diverses catégories de personnes désignées par l’Etat!) a pris une décision éclairée. Qu’une seule personne, fut-ce un juge administratif, ait donc pu suspendre et aggraver cette décision collective de classification, entérinée par le Ministère de la Culture, même temporairement en attendant un jugement définitif, n’est pas acceptable.
L’Union des Journalistes de Cinéma demande donc par la présente à Aurélie Filipetti, Ministre de la Culture, de prendre à nouveau immédiatement une décision de classement similaire à la précédente, et de prendre toutes mesures nécessaires, y compris législatives, pour qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire. Un juge solitaire ne doit pas pouvoir entraver la liberté d’expression cinématographique, à laquelle la procédure de classification des films doit accorder une garantie nécessaire et suffisante.
Le Festival de Berlin 2014 au rendez-vous de la profession et du public
La 64ème édition de la Berlinale a montré, une fois de plus, que les professionnels du cinéma du monde entier ont bien fait de la capitale de l’Allemagne leur premier grand rendez-vous de l’année. Après un départ un peu lent, la fréquentation record du Marché du Film a été étonnante, alors que la crise économique bat pourtant encore son plein dans de nombreux pays. Quant au Festival à proprement parler, il a été égal à lui-même, marquant parfois autant par ses sections annexes que par sa compétition.
La compétition officielle du Festival de Berlin a en effet été, comme à l’habitude, un tant soit peu inégale, hésitant comme toujours entre le grand public et l’art et l’essai. Incontestablement, le fait que la « Berlinale » soit également un grand événement populaire dans sa ville, avec un accès très facile aux films pour le grand public, fait hésiter les organisateurs, Dieter Kosslick, son Directeur, en tête: contrairement à Cannes, ils ne peuvent pas compter sur un public homogène et averti composé uniquement de professionnels et ont donc une sélection plus contrainte. La sélection du Monument Men, de George Clooney, garantissait ainsi la présence de la pléiade de stars de son générique – tout en présentant, certes, un intérêt historique certain, sous-estimé par nombre de critiques. Quant à la programmation de la version « allongée » du volume 1 du Nymphomaniac de Lars Von Trier, elle permettait d’avoir la certitude de remplir les colonnes des journaux à grand public de rumeurs sur les scènes « ajoutées », et donc les salles, même si les critiques qui avaient vu les deux versions s’accordèrent pour ne voir qu’un intérêt assez limité à ces ajouts… Il est vrai que quand, comme à Berlin, on peut faire entrer 330.000 spectateurs enthousiastes, et payant leur place, pourquoi s’en priverait-on? A cet égard, la réouverture dans l’Ouest de la Ville, de l’ancien quartier général du Festival, le « Zoo Palast », entièrement rénové, après deux années de travaux, a constitué un nouveau signe de la popularité du Festival auprès des Berlinois, la grande salle étant presque toujours comble.
Le jury du Festival était présidé par le scénariste et producteur James Schamus, si fréquent complice de Ang Lee, et producteur de Brokeback Mountain. On y comptait des personnalités aussi différentes que l’éclectique Michel Gondry, et la productrice des « James Bond », Barbara Broccoli! Il s’accorda pour faire un choix assez audacieux en donnant l’Ours d’Or, la récompense suprême, à Black Coal, Thin ice, une revisitation du genre du cinéma policier par le réalisateur chinois Diao Yinan, également scénariste du film.
Un choix qui fut équilibré par l’octroi de l’Ours d’Argent qui équivaut au « Grand Prix Spécial » cannois à The Grand Budapest Hôtel, le très divertissant et très hollywoodien film de Wes Anderson au charme renforcé par celui de Ralph Fiennes, ici pour unefois utilisé à sa juste valeur. Parmi les autres prix, on remarquera bien sûr l’Ours d’Argent de la réalisation décerné à Richard Linklater, pour Boyhood, fiction documentariste, en quelque sorte, tournée en douze ans à échéance régulière avec les mêmes acteurs. Enfin, on rappellera évidemment l’Ours d’Argent spécial « Alfred Bauer » obtenu par Alain Resnais dont Aimer, boire et chanter a enchanté les spectateurs berlinois… ainsi que le Jury de la Fipresci, la Critique Internationale, qui lui décerna également son prix pour la compétition. 71, en revanche, de Yann Demange, resta vierge de récompenses, malgré la qualité de sa reconstitution de la guerre civile en Irlande du Nord qui donna subitement un coup de vieux à Kenneth Loach par le coté presque documentaire de cette fiction, au suspense un peu convenu, certes.
Comme on en est maintenant habitué à Berlin, c’est au sein des deux principales sections non compétitives de la Berlinale, « Panorama », dirigée par Wieland Speck, qui est en somme l’équivalent d’un « Certain Regard » à Cannes, et le « Forum International du Jeune Cinéma », dirigé par Christophe Terhechte, que les festivaliers ont plutôt l’habitude de picorer pour chercher la surprise, et trouver des gemmes nouvelles. Les critiques de la Fipresci, la Fédération de la Presse Cinématographique Internationale, ne s’y trompent d’ailleurs pas, qui décernent également un prix dans chacune de ces deux sections. Dans la section « Forum », la récompense des critiques revint à Forma, du japonais Ayumi Sakamoto, dont les tonalités en gris et beige correspondent à l’atmosphère aigre-douce du film. Dans la section « Panorama », leur prix revint à Hoje Eu Quero Voltar Sozinho, du brésilien Daniel Ribeiro. Le prix du Meilleur premier film, décerné par un jury ad hoc est également revenu à un film de la section Panorama, Güeros, du mexicain, Alonso Ruizpalacios, un road-movie en noir et blanc et au format 1,33 « classique », en hommage au cinéma de la « Nouvelle Vague » française, qui empocha ainsi les 50.000 euros de sa dotation.
Du côté du Marché du Film, une affluence record de près de 7500 professionnels accrédités obligea son efficace Directrice, Beki Probst à l’agrandir. Tout un étage supplémentaires de stands fut donc adjoint au Marché dans l’Hôtel Mariott, qui sert de complément de plus en plus important à son quartier général établi dans le musée « Martin Gropius Bau ». Les professionnels français ne furent pas en reste, puisque le grand stand Unifrance dut même sacrifier en bonne partie son espace de détente pour pouvoir accueillir un nombre plus important d’exportateurs de nos films que les années précédentes.
On rappellera enfin que la Berlinale se complète d’une section « Génération » destinée aux jeunes, lointaine héritière de l’ancien festival du film pour enfants qui s’y tenait auparavant, d’une rétrospective, et d’une opération « Talent Campus », destinées aux futurs jeunes talents des métiers du cinéma maintenant reconnue et imitée par d’autres festivals internationaux. A ces compléments s’ajoutent la désormais traditionnelle opération « Shooting Stars », destinée à faire connaître de jeunes acteurs européens prometteurs, organisée par « European Film Promotion », et la populaire remise des « Teddy awards » qui rappelle le côté un peu « fringe » d’une partie de la capitale berlinoise. Il ne reste plus qu’à la 65° édition de la Berlinale, en 2015, de faire… encore mieux!
Philippe J. Maarek
32ème Fajr Festival international du film de Téhéran
Pour qui aime le cinéma, l’arrivée à Téhéran est un enchantement. La ville est immense, éparpillée autour de la haute silhouette de la Tour Milad. Au fond, les montagnes enneigées et, à perte de vue, l’enchevêtrement des autoroutes où les voitures se croisent inlassablement. Les silhouettes des femmes dans leurs foulards et cette langue si harmonieuse, nous projettent instantanément au cœur du cinéma iranien. Ce paysage, ces visages, ces embouteillages étouffants, on les a connu à l’écran. Découverte avec les œuvres de Mohsen Makhmalbaf, Bahman Ghobadi, Abbas Kiarostami, Jafar Panahi ou Asghar Farahdi et, après quelques heures d’avion, la réalité de Téhéran ressemble bien à celle des films, magie du cinéma !
Au sein de la 32ème édition de ce festival, qui s’est achevée le 11 février, la sélection du nouveau cinéma iranien était d’excellente qualité. Dans cette compétition sont rassemblés des premiers ou seconds longs métrages produits et tournés en Iran. On peut grosso modo classer les films en deux catégories : les films ayant pour sujet principal l’évocation d’un fait historique ou religieux et les films de la vie quotidienne.
Parmi les films historiques, aucun n’a suscité beaucoup d’enthousiasme. Si Che d’Ebrahim Hatamikia (1979, conflit entre l’Iran et les séparatistes kurdes) est un bel exemple de guérilla urbaine où la bataille se gagne rue après rue, il pêche par excès de grandiloquence, notamment avec un crash d’hélicoptère digne d’un jeu vidéo. The last 50 steps de Kioumars Pourahmad permet de vérifier que le « cliché de la gourde vide », a toujours cours dans les films de guerre. Hossein who said no de Ahmad Reza Darwich est une saga politco-historico-religieuse située au 7ème siècle, lorsque les petits-enfants du Prophète se déchiraient son héritage spirituel. Beaux jeunes hommes au regard de braise, sabres tranchants, trahison, passion amoureuse retenue, chevaux et désert, tous les ingrédients du péplum sont présents dans cette fresque de 2h30. Le film manque un peu de souplesse mais la musique de Stephen Warbek et les magnifiques costumes lui donnent un bel élan.
Dans la catégorie des films de société, le thème de la famille au bord de l’explosion est toujours récurrent. On ne dira rien de quelques mauvaises tentatives de « faradisation » mais on salue l’audace de Saman Salour qui, avec Rasberry traite de la problématique des mères porteuses dans un pays où la loi religieuse complique les problématiques financières et humaines. La seule femme réalisatrice de cette sélection, Rakhshan Bani Etamad a beaucoup impressionné avec Tales, une promenade contemporaine dans une capitale traversée par les problèmes des femmes, de la misère, de la drogue, des méandres de l’administration et des mauvaises conditions de travail. Un récit tout en fluidité pour faire entrer et sortir les différents personnages et évoquer les tensions actuelles, avec un certain sens de l’humour et de l’à-propos.
On retiendra 13 d’Hooman Seydi, où un jeune adolescent en souffrance, à cause de la séparation de ses parents, cherche dans la rue une attention qu’il n’a plus chez lui. Avec une forme cinématographique originale, le réalisateur souligne la détresse du personnage. Pour son second film, Barf/Neige, Mehdi Rahmani séduit avec le portrait d’une famille autrefois influente qui tente de préserver les apparences, malgré la déroute financière causée par le fils ainé, lors des fiançailles de sa sœur. Unité de lieu, de temps et d’action, de bons acteurs et une fin ouverte : du vrai cinéma populaire, dans le bon sens du terme. Le seul couple heureux de cette sélection, ce sont Parviz Parastouei et Ahou Kheradmand qui l’interprètent pour le réalisateur Mohammad Mehdi Asgarpour dans We have a guest/L’Invité : une vieille maison de famille devenue trop grande, un fils blessé à la guerre et des souvenirs intacts des temps heureux. Un film touchant malgré quelques longueurs.
Lors de la dernière journée de projection, deux films ont été remarqué par les invités présents (journalistes, jurés, marché du film). Today/Aujourd’hui de Seyed Reza Mirkarimi raconte la longue journée d’un chauffeur de taxi taciturne qui accompagne à l’hôpital une jeune femme battue, enceinte et affolée. Parviz Parastouei – encore lui – donne à cet ancien combattant silencieux, une présence aussi forte que douce face à l’hostilité du monde. Enfin, un impressionnant premier film, A Few Cube Meters Love/Quelques mètres cubes d’amour de Navid Mahmoudi. Une histoire d’amour dans les gravats d’une entreprise de recyclage, entre un jeune ouvrier iranien et la fille d’un migrant clandestin afghan. On entre dans le récit sans recours au dialogue mais avec une mise en scène maîtrisée, une belle photo et des jeux de lumière qui mettent de la magie dans cet environnement sordide. Si les questions politiques du film n’ont pas permis à celui-ci de figurer au palmarès final, sa portée universelle et l’excellent travail du réalisateur devraient lui permettre de trouver une reconnaissance internationale.
La gentillesse et le sens de l’hospitalité des organisateurs de ce festival ont tempéré les contraintes d’organisation et la complexité de cette société qui a soif de changement. Si à l’écran on a vu autant de crises familiales, c’est sans doute parce que le pays, comme une grande famille, est secoué par différents courants, entre le désir de modernité et d’émancipation des jeunes, la peur du changement chez leurs parents et la douceur ancestrale représentée par les grands-parents (parfois amnésiques). La qualité de cette sélection du nouveau cinéma iranien, et la large palette des sujets abordés (retour sur les guerres passées, omniprésence du fait religieux, divorce, avortement, alcoolisme, désir d’ailleurs et place de la femme) ne doit pas faire oublier que les réalisateurs louvoient constamment avec la censure. Leur désir est pourtant de faire d’abord du cinéma pour le public iranien et en Iran.
Magali Van Reeth
L’excellente sélection de Mannheim-Heidelberg
La 62ème édition du Festival international du film de Mannheim-Heidelberg (Allemagne) s’est déroulée du 31 octobre au 10 novembre 2013. Si le catalogue mettait en avant la place dans femmes à l’écran, et le traitement de leurs différentes personnalités (la battante, la romantique, la rebelle, la sensible, l’artiste, etc.), il semble pourtant difficile d’y voir un vrai thème. Et, de façon assez ironique, le seul film sans actrice, Mandariinid de Zaza Urushadze (un monsieur, contrairement à ce que son prénom peut évoquer pour les francophones), a obtenu le prix du public et le prix spécial du jury…
La grande originalité de ce festival peu connu, y compris chez les journalistes de cinéma, et pourtant très ancien, tient dans l’excellente qualité de sa sélection. A une époque où beaucoup de premiers films tournent de festival en festival, il devient rare d’avoir la surprise de la découverte. Parmi les 18 films en compétition, le directeur du festival, Michael Koetz a choisi des pépites inconnues et harmonieusement mélangé les genres. Film historique, The Retrieval de Chris Eska (États-Unis) ; sujet de société traité avec humour et finesse, De Nieuwe Wereld de Jaap van Heusden (Pays-Bas) ; fantaisie zen, Koan de Printemps de Marc-Olivier Louveau (France) ou savoureuse déclinaison d’une pensée de Montaigne sur la foi à la mode orientale, Yuan Lai Ni Hai Zai d’Elsa Yang (Taiwan).
Quelques films s’éloignaient courageusement d’une réception grand public. Blackbird a été co-réalisé par trois jeunes Irlandais, Robyn Pete, Jamie Chambers et John Craine. Dans un bout du monde économiquement et géographiquement isolé, un jeune homme collectionne les rebuts de la société, que ce soit les morceaux de verre ramassés sur la plage ou les ballades traditionnelles chantées par des vieux en voie de disparition. Une belle photo, des personnages atypiques et attachants mais un traitement trop brouillon pour convaincre. Drift de Benny Vandendriessche (Belgique), dans une forme poétique et radicale, où le récit en pointillé entremêle le deuil et une meute de chiens sauvages, laisse à un acteur étonnant, Dirk Hendrikx emmener le spectateur vers l’univers âpre de la désolation physique. Le jury Fipresci lui a décerné son prix.
Présidé par István Szabó, le jury officiel a un peu déçu. Certes Melaza de Carlos Lechuga (Cuba) est un charmant portrait d’une famille empêtrée dans le quotidien cubain mais son traitement cinématographique, très classique et sans surprise, ne le place pas du côté des œuvres indispensables.
On regrette aussi l’habitude allemande de présenter les films, du moins ceux qui ne sont pas en compétition, en version doublée et qui nous a fait abandonner la projection de la version longue de « Alexander » d’Oliver Stone… Autre regret mais qui vaut pour beaucoup d’autres festivals : les films venus de pays anglophones présentés sans sous-titres, sont un réel handicap pour les jurés et les spectateurs qui, s’ils maîtrisent un peu l’anglais, ne sont pas forcément à l’aise avec les accents gallois, australiens, africains ou du sud des États-Unis.
Cela n’enlève en rien le plaisir d’avoir pu participer à cette édition du Festival de Mannheim-Heidelberg : une ambiance chaleureuse, une proximité quotidienne entre les réalisateurs et le public et une excellente sélection dans la compétition internationale.
Magali Van Reeth
Lumière 2013 Grand Lyon Film Festival
Il y a six ans, les grincheux ne voyaient pas comment on pouvait mettre en place un nouveau grand festival de cinéma en France, pays du Festival de Cannes où il y a pratiquement un festival par semaine et déclinant tous les thèmes possibles (sciences, histoire, humour, horreur et même films de parapentes). Avec le succès remporté par cette cinquième édition du Lumière Grand Lyon Film Festival, et le plaisir qu’on y a pris, on se demande comment on a pu faire partie de ces grincheux…
La grande originalité du Festival Lumière est de montrer des films classiques, des films rares et anciens, des restaurations récentes, des copies 35mm retrouvées par hasard. La plupart des réalisateurs sont morts : Germaine Dulac, Henri Verneuil, Ingmar Bergman, Cecil B. DeMille, Lino Brocka, Otto Preminger ou Sydney Pollack. Les films proposés, on en a toujours entendu parler et on ne les a jamais vu (Une Femme douce de Robert Bresson), ou on les a vu quand on avait 15 ans et on a un peu oublié ou rien compris à l’époque (Providence d’Alain Resnais) ; ou on en a jamais entendu parler (Gli Ultimi de David Maria Turoldo et Vito Pandolfi). Et pour faire venir le grand public, on invite des vedettes bien vivantes à présenter, devant les spectateurs, le film choisi. Des jeunes, des moins jeunes, acteurs ou réalisateurs. Il y a Clotilde Coureau et Rome ville ouverte, Belmondo pour Un Singe en hiver, Max Von Sydow pour Les Communiants, Eric Guirado pour A l’Est d’Eden. Il y a des hommages à Dominique Sanda en sa présence, un prix remis à Quentin Tarantino en sa présence.
Dans cette célébration du cinéma classique par ceux qui le font aujourd’hui, il y a une ambiance étonnante qui peut surprendre les habitués de Cannes. Ici tout le monde se mélange avec bonheur et sans heurts, personne ne hurle quand Uma Thurman entre dans la salle, personne ne remarque Luc Dardenne assis au milieu des spectateurs et personne (ou presque) ne s’étonne de croiser Fatih Akin sur les pelouses de la villa Lumière ou Tim Roth dans les rues du Vieux Lyon. En une semaine lyonnaise, on côtoie plus de vedettes qu’en 10 ans de Croisette. A Lyon, une seule couleur d’accréditation et des projections ouvertes à tous, les journalistes comme les lycéens.
On apprécie aussi que ces projections aient lieu dans de vrais cinémas, tous les cinémas de l’agglomération éparpillés dans des quartiers très différents, avec des habitués qui le sont tout autant. Même les grands cinémas commerciaux mettent à disposition quelques unes de leurs salles et se laissent envahir par un public moins portés sur le pop-corn et les comédies grassouillettes. Et bien évidemment, attirés par les frissons médiatiques du festival et le renom d’une vedette internationale, les Lyonnais redécouvrent leur cinéma de quartier.
Cette grande célébration du cinéma, orchestrée par Thierry Frémeaux avec l’aide des collectivités territoriales, du CNC et des spécialistes de la restauration des films, est une vraie réussite. Comme quoi le tapis rouge, c’est pas indispensable.
Magali Van Reeth
Le monde du cinéma se bouscule à Toronto!
D’année en année, le Festival International du Film de Toronto (TIFF) prend un peu d’ampleur supplémentaire et semble décidément ne pas pouvoir s’arrêter de croître. Plus que jamais, il a marqué les esprits en 2013 : les professionnels du cinéma du monde entier se bousculent désormais pour être présents à ce qui est devenu clairement le principal rendez-vous cinématographique de la seconde partie de l’année… sans compter l’engouement du public, toujours aussi assidu en de longues queues tout au long des trottoirs de la ville.
Piers Handling, le directeur de la manifestation, qui maîtrise depuis de longues années cette croissance avec l’aide de Michelle Maheux, Directrice exécutive, et Cameron Bailey, Directeur artistique, peut être satisfait. Une fois de plus, il a réussi à maintenir un équilibre a priori improbable entre l’internationalisation du Festival, son côté populaire et son côté professionnel, attirant aussi bien les oeuvres d’art et d’essai que les « blockbusters » hollywoodiens, les cinéphiles que les professionnels de l’achat-vente de films. Plusieurs films importants ont même dédaigné l’invitation du Festival de Venise pour ouvrir à Toronto en première mondiale, ce qui n’est pas peu dire.
Grâce à son public nombreux et chaleureux, Toronto sert de longue date de rampe de lancement aux premiers concurrents des Oscars, et 2013 n’a pas fait exception à la règle. Il fallut ainsi ajouter en urgence des projections pour les professionnels pour Gravity, qui a clairement confirmé le talent d’Alphonso Cuaron, dont la maîtrise de la 3D ne semble être égalée que par James Cameron et son Avatar. Gravity confirme aussi que Sandra Bullock, à 49 ans, non seulement maintient son statut de star, mais que sa prestation, toute d’énergie et d’animalité maîtrisée devant la peur de l’immensité sidérale où elle apparaissait perdue est bien partie pour se faire donner l’Oscar de la meilleure actrice.
Un des autres événements du Festival fut la première mondiale de «12 years a slave, où Steve McQueen, après Hunger et Shame, a réaffirmé qu’il était décidément l’un des grands réalisateurs du moment. Il y porte à l’écran l’histoire authentique d’un musicien affranchi noir enlevé en 1841 et réduit en esclavage pendant douze ans. Meilleur film, meilleure mise en scène, meilleure interprétation pour Chiwetel Ejiofor ou Michael Fassbender, les Oscars possibles sont nombreux pour ce film remarquable qui emporta d’ailleurs l’une des seules récompenses de ce festival non compétitif, le « Prix Blackberry du Public ». L’un de ses dauphins fut Prisonners, premier film « hollywoodien » du québécois Denis Villeneuve, l’auteur remarqué d’Incendies, auquel certains préférèrent d’ailleurs son… second film présenté au sein du Festival, Enemy. Jake Gyllenhaal y assume magistralement un double rôle face à Mélanie Laurent, au sein d’un Toronto filmé par Villeneuve de façon à donner une présence forte à son architecture aux gratte-ciels en croissance quasi-permanente, en des vues aériennes aux angles inédits et aux tonalités accordées à celles des personnages.
Mais le festival de Toronto ne s’arrête pas aux sections « Gala, Maîtres, et Presentations Spéciales » et aux « locomotives » nord-américaines, ni à la présence de dizaines de stars pour un film ou un autre, de Sharon Stone à Nicole Kidman ou Mathew McConaughey. Près de 400 films y furent projetés au total, et les foules y furent aussi nombreuses pour les œuvres d’auteur en provenance du monde entier projetées dans les sections « Découvertes», ou « Cinéma Mondial Contemporain », sans compter les plus ésotériques « Longueurs d’Ondes » ou « Avant-Garde », et la populaire section « Folie de Minuit »; Colin Geddes continue avec bonheur à y faire venir films d’horreur ou de « Série B » soigneusement sélectionnés, qui côtoient ainsi « blockbusters » et films « d’art et d’essai » dans le programme.
La Fipresci valide d’ailleurs ce dernier aspect par la présence de son jury de la critique internationale. Il a décerné deux prix, l’un dans la section « Présentations spéciales » à Ida, du polonais pawel Pawlikowski, et l’autre dans la section « Découvertes » à The Amazing Catfish, de la mexicaine Claudia Sainte-Luce. On rappellera, enfin, que par exception à la règle générale, un « vrai » jury siège pour décerner un prix au meilleur film canadien, qui revint cette année à Shayne Ehman et Seth Scriver pour leur film d’animation Asphalt Watches.
La délégation française, forte de près de 40 films fut guidée par Unifrance dont la nouvelle Directrice Générale, Isabelle Giordano, fût l’hôte de ce qui est sans doute la réception la plus courue par les acheteurs et vendeurs. Si l’on put voir à Toronto la Palme d’Or de Cannes cette année, La Vie d’Adèle, rebaptisé Blue is the warmest color pour les anglo-saxon, puisque le Festival n’est pas compétitif, c’est Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier qui fut la tête de file des films à nos couleurs. Son adaptation grinçante et souvent très drôle du roman et de la BD homonyme marque une vraie évolution pour un cinéaste dont on ne savait pas qu’il cultivait autant l’humour. Elle reste toutefois peut-être moins forte pour un public ne sachant pas qu’il s’agit d’une allusion au passage de Dominique de Villepin au Ministère des Affaires Etrangères.
Quant aux professionnels, ils ont attesté de la reprise économique incontestable en Amérique du Nord depuis la Crise de 2008 par quelques records dans les montants de leurs achats, dans un Festival qui est tout de même un Marché du Film sans le revendiquer… En particulier, on retient les 7 millions de dollars versés pour les droits en Amérique du Nord du film de John Carney Can a Song Gave Your Life ? où Mark Ruffalo donne avec son charme bourru coutumier la réplique à une Keira Kneightley attachante dont on ne savait pas qu’elle avait aussi des talents de chanteuse. De nombreux ateliers de travail étaient d’ailleurs organisés à l’intention des professionnels par le festival, ou par des organismes comme European Film Productions, qui réunit les société d’aide à l’exportation européennes. Ce dernier a réuni pendant trois jours une vingtaine de producteurs européens et canadiens dans le but de favoriser l’émergence de nouvelles coproductions entre les deux cotés de l’Atlantique. Yaël Fogiel, des « Films du Poisson », y représentait la France.
Le Festival a bénéficié, comme depuis deux ans, d’un quartier général où il dispose de plusieurs salles, l’immeuble du « Bell Lightbox », et s’est encore agrandi en 2013 d’une grande salle voisine, le théâtre « Prince Edward », accroissant ainsi sa capacité d’accueil du public… et des paparazzis. Ceux-ci durent se livrer sans arrêt à des choix cornéliens puisque cette salle est tacitement devenu d’emblée un troisième lieu quotidien de galas, avec l’immense « Roy Thomson Hall » et l’ « Elgin ». Pas d’escalier comme à Cannes, certes, mais trois fois plus de « grands événements » chaque soir !
Il est vrai que le festival est devenu l’étendard de la ville de Toronto, en tous cas l’un de ses pôles les plus attractifs pour la réputation de la ville, ce qui lui vaut d’être soutenu par de nombreuses grandes entreprises mécènes : la Banque Royale du Canada lui a même dédié une carte « Visa » avec un amusant visuel dédié ! Grâce à la pérennité due à son installation dans ses locaux, TIFF se prolonge maintenant toute l’année pour les habitants de la ville : on verra cet automne une exposition inédite sur l’univers de David Cronenberg, sans compter une programmation de films tout au long de l’année dans les salles du « Bell Lightbox ».
Philippe J. Maarek
Cartes « Vertes » pour 2014
La campagne 2014 pour le renouvellement ou l’octroi des cartes « vertes » de critiques de cinéma permettant l’accès des journalistes et critiques de cinéma est ouverte. Les dossiers doivent parvenir avant le 30 novembre au secrétariat de la Commission, assuré par le groupe Audiens sous l’égide de la Fédération Nationale des Critiques de la Presse Française (voir rubrique « La Profession »)