Lecce 2017
Festival de Cinema de Lecce: Lingua Franca
L’affiche du Festival del Cinema Europeo (Festival de Cinéma Européen) nous regarde: on y voit un oeil géant avec des cils, marchant sur des pattes, et affublé d’une queue en tire-bouchon…. Mi-oeil mi-bestiole, l’air agile et qui reste bien ouvert au monde qui l’entoure. Ce symbole assez extravagant est représentatif du festival lui-même, qui cette année fête sa dix-huitième édition, et qui se donne pour but de « fonctionner comme intermédiaire entre les différentes cultures et langues de cinéma« , notamment par la promotion d’un cinéma européen multiple et traversant les frontières. Il s’agit avant tout de garder un oeil ouvert sur le monde.
Le festival de cinema Européen de Lecce se déroule dans les Pouilles, le « talon » de la botte italienne, et s’est tenu du 3 au 8 Avril 2017. Les films sont tous projetés à la Multisala Massimo, située sur le bord de la ville historique. Cette année la compétition comportait 12 films – dont beaucoup originaires des pays de l’Europe centrale et de l’Est, particulièrement appréciés cette année par la sélection officielle. Beaucoup des prix décernés se limitaient cependant aux productions nationales, notamment le prix Mario Verdone, en l’honneur du célèbre critique, et remis par ses enfants Carlo, Luca et Silvia Verdone, mais aussi les prix d’honneur remis en hommage aux grands contributeurs du cinéma italien, tel Antonio de Curtis dit Totò.
Le grand prix du festival, l‘Ulivo d’Oro,(l’olivier d’or), a été attribué au long métrage Une Famille heureuse (Chemi bednieri ojakhi) des réalisateurs Nana Ekvtimishvili & Simon Groß. Le film aura été doublement récompensé, puisque également lauréat du prix FIPRESCI, remis par Natalia Moussienko, Alberto Tristano et moi-même. Avec sa réalisation remarquable, le film dépeint un personnage féminin à travers les relations entretenues avec sa famille (joué par Ia Shugliashvili), personnage d’une rare intensité, dégageant une force vitale et mentale. Les permanences, d’une génération à l’autre se chevauchent et se déclinent dans ce film avec une délicatesse indicible. Un film issu d’une coproduction entre l’Allemagne, la Géorgie et la France.
Le prix Cineuropa a été attribué au film macédonien When the Day Had No Name, qui se concentre sur une dispute meurtrière entre des adolescents qui luttent pour réussir dans une société phallocrate et oppressante. Réalisé par Teona Strugar Mitevska, le film est une coproduction entre la Macédoine, la Belgique et la Slovénie.
Le Festival de Cinema European a choisi de présenter l’Europe dans toute sa dynamique et sa richesse culturelle. Parmi les trois invités internationaux une rétrospective a été consacré au travail du grand Stephen Frears. Son film My Beautiful Laundrette, inspiré par la nouvelle vague britannique avait su inspirer une génération de cinéastes britanniques. Les autres invités étaient le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, dont les oeuvres récentes ont été largement reconnues, et Agnieska Holland, dont le film récent Spoor est une coproduction entre la Pologne, l’Allemagne, la République Tchèque, la Suisse et la Slovaquie.
Le futur de l’Europe était un sujet important pour le festival, dans le programme et dans la discussion. Le dernier diner du festival par exemple a vu arriver Stephen Frears portant un badge qui proclamait Dubs Now, en référence à la décision du gouvernement britannique d’avoir mis fin au programme Dubs initié en faveur de l’accueil des enfants réfugiés.
Colette de castro