Cartes « Vertes » pour 2016
La campagne 2016 pour le renouvellement ou l’octroi des cartes « vertes » de critiques de cinéma permettant l’accès des journalistes et critiques de cinéma est ouverte. Les dossiers doivent parvenir avant le 30 novembre au secrétariat de la Commission, assuré par le groupe Audiens sous l’égide de la Fédération Nationale des Critiques de la Presse Française (voir rubrique « La Profession »)
40 bougies pour Toronto en 2015!
Le Festival International du Film de Toronto a fêté en Septembre 2015 son 40° anniversaire. Initialement « Festival des Festivals » destiné à amener au grand public de la capitale de l’Ontario les meilleurs films du monde entier, le Festival a réussi à devenir, sous la houlette de son Directeur, Piers Handling, l’un des trois rendez-vous incontestables du cinéma mondial, avec Berlin et Cannes, détrônant implicitement petit à petit Venise de son ancien rang.
Très astucieusement, Piers Handling, Cameron Bailey, le directeur artistique du Festival et Michèle Maheux, sa Directrice Exécutive, avaient décidé de ne pas mettre d’emphase excessive sur le fait qu’il s’agissait du 40° anniversaire et de continuer à focaliser l’attention sur les films. Certes, on distribua largement une revue rappelant l’histoire du Festival et on vendit un peu plus de gadgets – labellisés « Quarantième » – qu’à l’ordinaire, mais en somme, pas de fête somptuaire détournant l’attention de la programmation. Simplement, comme l’an dernier, les Torontois purent profiter durant le premier week-end de la piétonisation de la rue qui borde le quartier général du Festival pour baguenauder entre les stands forains, les concerts gratuits, et bénéficier de toutes sortes de petits cadeaux et d’échantillons gratuits de produits divers distribués à qui mieux mieux!
Une programmation d’une richesse imposante
La programmation, parlons-en, justement, n’a jamais paru aussi imposante, battant le record de l’an dernier cette année avec 399 courts et longs métrages en provenance de 71 pays (dont 133 premières mondiales). Elle alla dans deux directions apparemment contradictoires qui font la richesse de la manifestation. D’un côté, fidèle à sa réputation de lancer la campagne des Oscars, Toronto a accueilli nombre de « premières » des grands studios Hollywoodiens, sans compter une grande partie des têtes de pointe de la sélection de Venise, en première Nord-Américaine. De l’autre, ses nombreuses sections (13 au total cette année!) permirent aux fidèle et nombreux public de la ville de voir la quintessence du cinéma mondial de ‘année écoulée – invisible autrement, à Toronto, comme d’ailleurs dans toute l’Amérique du Nord, ou presque.
La section la plus prestigieuse, « Gala », comportait 20 films d’ampleur, complétée en fait par les 13 longs métrages de la section « Masters ». Elle fut ouverte par Démolition, l’excellent film du Québécois Jean-Marc Vallée qui donne à Jake Gyllenhal l’occasion de liver à nouveau une composition extraordinaire, en homme assommé psychologiquement par la mort accidentelle de sa femme à son côté, et qui se met à détruire petit à petit sa propre maison en guise de compensation. On vit en galas, comme à l’accoutumée, quelques films qui devraient faire une carrière les menant jusqu’aux Oscars, comme Le Martien qui marque le grand retour au premier plan de Ridley Scott, à qui l’espace est décidément fort bénéfique depuis Alien. Le film donne aussi sans aucun doute toutes ses chances pour un Oscar d’interprétation à Matt Damon, omniprésent à l’image dans une prestation fort crédible de botaniste-expert des sols extraterrestres.
L’une des raisons de la popularité du Festival auprès des producteurs d’Hollywood est le fait qu’il s’agit d’un événement avec un « vrai » public et non compétitif, sans les aléas des prix décernés par des jurys parfois composés à la va-comme-je-te-pousse obéissant aux calendriers chargés des uns et à la nécessité d’y faire figurer quelques stars à paillettes pas forcément cinéphiles. Le seul « vrai » prix décerné à Toronto a longtemps été son prix du public, justement, décerné par un vote des spectateurs à la sortie des films, aujourd’hui le « Grolsch people’s choice award », du nom de son sponsor, la bière de ce nom. Il fut décerné cette année à Lenny Abrahamson pour Room , un film irlando-canadien de la section « Présentations Spéciales », adaptant à l’écran le best-seller homonyme bien connu d’Emma Donoghue. Succès somme toute inattendu, le film n’avait évidemment pas eu au départ le retentissement de Where to invade next, le nouveau docu-fiction de Michael Moore présenté dans la même section qui retint l’attention de nombreux acheteurs potentiels de ses droits de distribution, à commencer par Netflix. Michael Moore y parcourt l’Europe (et fait même un crochet en Tunisie) pour montrer que la vie y est souvent plus facile qu’aux Etats-Unis, non sans une certaine mauvaise foi amusante qui fait le charme du film. Room était notamment suivi dans les suffrages par Spotlight. Ce film de Tom McCarthy retrace l’enquête qui permit aux journalistes du « Boston Globe » de lever le voile sur la sinistre affaire de pédophilie dans l’Eglise catholique nord-américaine qui n’a toujours pas fini de laisser des traces. La mise en scène convenue n’y exploite à vrai dire pas très bien le potentiel d’une belle équipe d’acteurs menés par Marc Ruffalo, Michael Keaton et Rachel McAdams.
En 2015, contrairement à l’habitude, le Festival avait décidé de créer une petite section compétitive particulière, « Platform », composée de douze films « d’auteur », en somme, au vu de la sélection qui avait été décidée. Elle comportait une forte représentation de la France, par Bang Gang d’Eva Husson, par Un Français, de Diastème, par Sky, de Fabienne Berhaud et par le franco-belge Les Chevaliers Blancs, de Joachim Lafosse. Le jury international de trois personnes formé de Jia Zhang-ke, Claire Denis et Agnieska Hollanddécida de donner les 25.000 dollars du prix au Canadien Alan Zweig pour Hurt. Ce documentaire touchant et remarquable s’attache au destin difficile de Steve Fonyo, dont la jambe fut emportée par un cancer foudroyant alors qu’il avait 18 ans à peine, et qui avait ému tout le Canada à l’époque, avant de sombrer dans la drogue et les petits larcins sans jamais pourtant perdre le moral.
Par ailleurs, un Jury de la Fipresci décerna deux prix de la Critique Internationale, l’un, dans la section « Découvertes » au Slovaque Marko Skop pour Eva Nova, l’autre, dans la section « Présentations Spéciales » au Mexicain Jonas Cuaron pour Desierto. Enfin, un jury ad hoc donna à Closet Monster de Stephen Dunn le Prix « Canada Goose » du meilleur film canadien, présenté dans la section « Découvertes ».
Ajoutons que le Festival comportait également une section « Cinéma du Monde Contemporain », véritable pot-pourri des meilleurs films vus dans l’année par ses sélectionneurs, une section « Midnight Madness » fort originale menée par Colin Geddes, donnant ainsi voix au chapitre au cinéma de « série B », un hommage en films à la ville de Londres, et, même pour la première fois, une ouverture vers les séries télévisées avec une section « Prime Time », où, entre autres, on pouvait voir en avant-première, les deux premiers épisodes de la série Heroes Reborn – sans compter que l’une des Master Class fut une « Conversation » avec Matthew Weiner, l’auteur des Sopranos et de Mad Men. Bref, de quoi faire regretter aux festivaliers cinéphiles de ne pas avoir trois ou quatre mois pour tout voir et tout faire!
Les professionnels aussi
Les nombreux professionnels présents purent, comme depuis l’an dernier, bénéficier d’un accès privilégié et relativement aisé aux films grâce à l’ajout du grand cinéma-théâtre « Princesse de Galles », qui jouxte l’immeuble du Festival, le « Bell Lightbox », et l’hôtel Hyatt voisin, quartier général des acheteurs et vendeurs venus du monde entier. On y trouvait notamment une salle de visionnement gérée par l’efficace système de streaming à accès contrôlé de la société « Cinando », fondée et dirigée par Jérôme Paillard, le Directeur du Marché du Film de Cannes.
De nombreux organismes de promotion de cinémas nationaux furent aussi de la partie, comme « European Film Productions » avec le bien rôdé « Producers Lab », lieu d’échanges et de rencontres entre producteurs, et Unifrance, bien sûr, pour défendre le cinéma français, dont le stand ne désemplit pas. Une opération spéciale de promotion de livres adaptables au cinéma, « Shoot the book », avait également été montée par plusieurs sociétés d’auteurs en collaboration avec l’Ambassade de France au Canada pour encourager la vente au cinéma de droits d’adaptation d’une sélection de livres.
Ajoutons que l’installation du Festival dans ses propres locaux, le « Bell Lightbox », un bâtiment tout neuf construit pour lui en plein cœur du quartier des théâtres, lui permet de continuer à s’adresser au public torontois toute l’année, par ses salles de cinéma, bien sûr, mais aussi par ses expositions (une exposition inédite « Warhol et le cinéma », y débute en octobre), etc. Cette année, pour a première fois, TIFF, la Fondation du Festival, et le Bell Lightbox accueilleront un « résident », le scénariste et réalisateur Len Blum, qui pourra ainsi bénéficier pendant un an d’une bourse un peu équivalente pour le cinéma à ce que la Villa Médicis à Rome est pour les artistes français.
Philippe J. Maarek
Cannes 2015. Partition en mode mineur pour un Festival majeur
Un sentiment d’insatisfaction s’est levé sur la Croisette dès les premiers jours du Festival au vu des films de la compétition officielle. Sentiment rituel quand les goûts de chacun, qui ne sont pas à débattre, peinent quoi qu’il arrive à s’arrimer à un véritable enthousiasme. D’ordinaire, seuls quelques grincheux chroniques conservent cette disposition, parfois accolée à la pensée magique d’un passé idéal dont les exemples s’avèrent souvent introuvables. Ce sont les grands films qui rejaillissent. Ceux qui nous ont émus, enchantés, bouleversés, bousculés, sans mettre tout le monde d’accord. On peut même s’écharper à défendre « les siens », « son réalisateur », « sa palme », compte tenu de la souveraineté des jurys et des points de vue à l’emporte-pièce de la critique à chaud. Qui n’a pas, avec le recul du temps, mangé son chapeau, jette la première ligne. L’effet déceptif persiste. À une exception, celle du film Le Fils de Saul, premier long métrage du cinéaste hongrois Laszlo Nemez. Son engagement à hauts risques fracture l’impossibilité de représenter l’irreprésentable des camps d’extermination nazis par un travail cinématographique époustouflant. On se réjouit qu’il en ait obtenu la reconnaissance en se voyant remettre le grand prix du jury, et aussi celui de la critique internationale. Nous l’aurions souhaité au sommet, mais le jury, pour la palme d’or, lui a préféré Dheepan, de Jacques Audiard. Film de grande qualité d’un cinéaste déjà honoré à Cannes par un prix du scénario pour Un héros très discret et un grand prix remis pour Un prophète, mais dont le scénario, justement, ne nous paraît pas le plus convaincant de sa riche filmographie.
Loin de ce que l’on est en droit d’attendre à ce niveau…
Au sein des dix-neuf films en compétition officielle, cinq sont français. On peut difficilement les placer à la même échelle. Ceux de Maïwenn et de Valérie Donzelli (Mon Roi et Marguerite et Julien) restaient loin de ce que l’on est en droit d’attendre à ce niveau quel qu’en soit le manque de grands éclats. Le Valley of Love de Guillaume Nicloux, épaulé par Isabelle Huppert et Gérard Depardieu en remarquables comédiens, ouvrait une respiration bienvenue. Tout aussi remarquable, dans un film sur lequel nous avons exprimé des réserves en cours de Festival, Vincent Lindon, qui n’a certes pas volé sa récompense. Si d’autres visages nous viennent, ce n’est pas pour la lui disputer, mais à la suite d’autres évocations surgissent d’autres cadres. Michael Fassbender donne un Macbeth prodigieux dans le film éponyme de Justin Kurzel, chef-d’œuvre pompier dont le bruit et la fureur s’expriment avec un excès d’effets à éparpiller Shakespeare au fond d’un cratère, ne serait son interprète. Avec la très pâle Lady Macbeth que joue si peu Marion Cotillard, contrastent notamment les deux actrices de Carol, le film de Todd Haynes. Par une bizarrerie bancale, seule l’une des deux, Rooney Mara, a bénéficié du prix d’interprétation féminine, quand le film repose sur ses échanges sensibles avec le personnage de Cate Blanchett. D’autant plus bizarre et bancale qu’un prix ex aequo réunit Rooney Mara à une Emmanuelle Bercot pour laquelle il ne s’imposait pas. Au contraire de la palme d’honneur remise à Agnès Varda. Son discours lors de la cérémonie de clôture faisait chavirer le cœur mais aussi l’esprit, vertige de la création en résistance.
La frustration est la loi du genre cannois
La frustration est la loi du genre cannois, et si l’on se prend à imaginer un resserrement de la compétition officielle, c’est que de très grands cinéastes présentaient des films un peu en dessous des tonalités, voire des flamboyances,qui d’autres fois nous ontemportés. Difficile d’argumenter les choix des sélectionneurs pour qui n’a pas connaissance des films qu’ils n’ont pas retenus, mais on peut toujours plaider la rigueur. Pas celle de la troïka dont Michel Gomez met en scène les mille et un désastres dans les Mille et Une Nuits qu’il présentait à la Quinzaine des réalisateurs. Les trois volets sortiront successivement en juin, juillet et août. On les attend avec une impatience que le sujet ne suffirait pas à susciter si le film s’en tenait au constat social qui fait souvent recette dans notre pays.
Cannes garde l’immense avantage de nous offrir des visions du monde entier, des arts de faire, des envies de voir et de partager. Parce que nous le valons bien.
Dominique Widemann
2015: les 11° prix annuels de l’UJC
Quatre prix ont été décernés en 2015 (au titre de 2014) :
- le Prix de l’UJC 2015, pour l’ensemble de son œuvre, à Eithne O’Neill
- le Prix de l’UJC de la jeune critique 2014 à Murielle Joudet
- le Prix de l’UJC de la meilleure biographie ou du meilleur entretien 2014 concernant une personnalité du cinéma, à Joël Magny pour son livre-entretien « L’Homme Cinéma » (Ed. Ecriture).
- La Plume d’Or 2014 du meilleur journaliste de cinéma de la Presse étrangère en France, enfin, a été décernée pour la dixième fois conjointement par l’UJC et l’Association de la Presse Etrangère à Jordan Mintzer.
La Fipresci à l’honneur au Bifest 2015
La Fipresci, la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique, à laquelle l’UJC est affilié, a commencé les festivités de son 90° anniversaire à Bari, au Sud de l’Italie. Depuis six ans, Felice Laudadio y a fondé et dirige le Bifest, le « Bari International Film Festival », qui, tout en faisant la part belle au cinéma italien, accueille aussi une sélection internationale. Cette année, Felice Laudadio avait en outre décidé de mettre la Fipresci à l’honneur, par le biais d’une « Master Class » quotidienne. Alan Parker, Jean-Jacques Annaud, Costa-Gavras, Ettore Scola, Andzej Wajda, Edgar Reitz, Margarethe von Trotta et Nani Moretti se sont donc succédés tous les matins après la projection d’un de leurs films devant la belle salle comble du théâtre Petruzelli qui scande la vie culturelle de la ville depuis sa rénovation. Passionnants, pleins de détails personnels et d’aperçus du métier de réalisateurs, ces entretiens, menés par des critiques de la Fipresci, captivèrent l’attention. Il fallait ainsi entendre Jean-Jacques Annaud parler de la différence entre la direction d’acteurs européens et américains, et le voir mimer sur scène la façon de gérer le positionnement de Sean Connery devant la caméra lors du tournage de Au nom de la Rose! Tous les réalisateurs reçurent une plaque commémorative spéciale de la Fipresci.
Un jury, formé de critiques du Syndicat Italien de la Critique, donna de nombreux prix à certains des films de la sélection italienne. Parmi ceux-ci, notera le Prix Mario Monicelli de la meilleure réalisation à Francesco Munzi pour son Anime nere, le Prix Franco Cristaldi du meileur producteur de Luigi Musini, le Prix Anna Magnani pour la meilleure actrice d’Alba Rohrwacher pour Hungry Hearts de Saverio Costanzo, le Prix Vittorio Gassman du meilleur acteur d’Elio Germano pour Il giovane favoloso de Mario Martone, le Prix Ennio Morricone de la meilleure musique de Paolo Fresu pour Torneranno i prati d’Ermanno Olmi et le Prix Giuseppe Rotunno de la meilleure photographie décerné à Fabio Cianchetti pour Hungry Hearts et celui du meilleure montage de Premio Roberto Perpignani pour Anime nere. Dans la section internationale, un jury populaire, présidé par Valerio De Paolis, enfin, donna le Prix International à Louis-Julien Petit pour Discount.
Philippe J. Maarek
Jean Roy Chevalier de la Légion d’Honneur
Dans le cadre de l’hommage à la Fipresci organisé par Felice Laudadio, le directeur du Bifest de Bari, Philippe J. Maarek a procédé à la nomination officielle de Jean Roy, Président de l’UJC, mais aussi ancien Président de la Fipresci, comme Chevalier de la Légion d’Honneur, sur la scène du théâtre Petruzelli.
Critique en titre de l’Humanité de longue date, Jean Roy, on le sait, a aussi longtemps dirigé la Semaine de la Critique à Cannes, y faisant découvrir de très nombreux réalisateurs du monde entier.
Le 17e Festival International du Film Documentaire de Thessalonique
Le 17e Festival International du Film Documentaire de Thessalonique : Images of the 21st Century
A part des nouvelles sur son économie souffrante sur les chaînes d’information, des brochures de vacances et sa Nouvelle Vague en cinéma, la Grèce contemporaine est mal connue. Même pour moi, venant d’un pays voisin, un festival de documentaires comme celui de Thessalonique peut offrir une image colorée et surprenante.
En tant que membre du jury FIPRESCI, j’ai eu le plaisir de suivre les titres grecs au total au nombre de 17, inclus dans les différentes sections thématiques du festival, sans compter le panorama spécial grec de 46 (!) productions. Il n’y a rien d’étrange à ce que beaucoup de ces documentaires avaient l’air télévisuel — dans le contexte aggravé de la crise financière, on ne pouvait demander aux 63 titres grecs présentés (sur 191 au total) d’être des chefs-d’œuvre du cinéma d’auteur. Mais télévision ne signifie pas automatiquement « qualité moindre ». Au contraire, les projections de Fascism Inc. d’Aris Chatzistefanou et d’agora – From Democracy To The Market de Yorgos Avgeropoulos, de la section panorama grecque, se sont avérées très suivies. Les deux réalisateurs sont des journalistes respectés avec une filmographie documentaire excellente de sorte que leur budget a pu être facilement bouclé grâce au financement participatif. Pour cette raison, Fascism inc. peut être regardé gratuitement en ligne [http://infowarproductions.com/fascism_inc/], avec des sous-titres français, et je vous recommande fortement les deux titres précédents du même auteur. Ces films sont une introduction appropriée au point de vue spécifique des Grecs sur la politique et la crise mondiale.
En fait, la plupart des documentaires vus au festival parlent très peu de politique. Cependant, il y avait des «films politiques», comme The fish on the mountain, de Stratoula Theodoratou, mais il appartient à un groupe de titres qui, généralement de façon télévisuelle, se saisit d’un problème urgent (ici l’industrie navale), puis « balance » au spectateur les faits, la douleur et la frustration. Dans cette catégorie, on peut retrouver aussi Emery Tales de Stelios Efstathopoulos & Susanne Bausinger (sur l’extraction de l’émeri aux Cyclades) et Milad – My Planet… de Menelaos Karamaghiolis (sur les immigrés clandestins).
Une perspective beaucoup plus variée fut offerte par deux titres de la section Habitat – In The Nest Of Time de Alexandros Papailiou et Leaving Is Living de Laura Maragoudaki. In The Nest Of Time se concentre sur plusieurs jeunes écologistes travaillant dans différents domaines de la protection environnementale. Leurs choix de vie sont présentés comme la norme, et leur travail comme le plaisir, ce qui rend le film agréable à regarder. Encore plus dynamique et estimable est mon film favori grec du festival, Leaving Is Living, qui suit le braconnage des tourterelles pendant leur période de migration au printemps. Concis et pince-sans-rire, le film pénètre la culture de la chasse et sa signification aujourd’hui, ainsi que le modèle de « business-as-usual » en Grèce.
Mais les grandes trajectoires sont également vitales pour le cinéma documentaire. Il est donc louable que certains auteurs grecs n’hésitent pas à relever le défi. Un Condor de Yannis Kolozis est une invitation à voyager au Chili avec le protagoniste du film, réfugié politique en Angleterre. A Place For Everyone d’Angelos Rallis & Hans Ulrich Gοessl célèbre discrètement le vingtième anniversaire du génocide au Rwanda. The New Plastic Road d’Angelos Tsaousis & Myrto Papadopoulos nous emmène au Tadjikistan, où le commerce avec la Chine est en plein essor actuellement. Pure Life, de Panagiotis Evangelidis, à son tour, examine les outsiders à Barcelone, en attaquant la plupart des préjugés des Balkans sur la culture gay et l’industrie porno.
Bien sûr, l’exception confirme la règle — la plupart des films grecs continuent traiter du territoire et de l’histoire de la Grèce, en optant pour un format et style classique. Deux titres ont été présentés dès le début comme très importants, surtout par nos collègues grecs : The Archaeologist de Kimon Tsakiris et Hail Arcadia de Filippos Koutsaftis. Les deux sont une réflexion sur la crise de l’État moderne, qui devrait autant se préoccuper de la prospérité économique que de la protection des ressources archéologiques et culturelles et du bien-être du peuple. De ces deux lectures, Hail Arcadia a remporté le prix FIPRESCI, probablement à cause de sa sensation d’exhaustivité et d’urgence au niveau du sujet, malgré sa mise en scène traditionaliste.
En parlant de traditions, je voudrais mentionner deux grandes leçons d’histoire : Escape From Amorgos, de Stelios Kouloglou et Kostis Palamas – The Supreme Flower In Greek Literature, de Stamatis Tsarouchas, qui se voudrait sérieux en théorie, mais se révèle comique dans la pratique pour son révisionnisme historique. Olympia de Stavros Psillakis et Mana de Valérie Kontakos m’ont fait réfléchir sur la façon dont le christianisme orthodoxe se confrontait avec l’identité nationale en Grèce, une oeuvre qui ajoute des aspects intéressants au débat sur la laïcité en France et au-dehors.
C’est pour cette raison que le cinéma documentaire est le meilleur ambassadeur d’un pays, celui qui initie de nouvelles conversations!
Yoana Pavlova
Guadalajara 2015
par Barbara Lorey de Lacharrière
Le Festival Internacional de Cine en Guadalajara (Festival International du Film de Guadalajara, 6-15 Mars 2015), dont on célébrait cette année le 30e anniversaire, est considéré comme l’une des vitrines les plus importantes du monde pour la promotion et la distribution des films mexicains et latino-américains. Soutenu par l’Université de Guadalajara, l’Institut mexicain de cinématographie (IMCINE), le Conseil national pour la culture et les arts (CONACULTA), le gouvernement de l’État de Jalisco, les villes de Guadalajara et Zapopan, le festival, sous la direction d’Ivan Trujillo, a pris ces dernières années une ampleur considérable .
Le temps fort des sections officielles incluant les deux programmes de compétition de long métrages de fiction et de documentaires ibéro-américains (16 films chacun), une section très riche de courts métrages et le Premio Maguey, compétition du Queer cinema (18 films) — est naturellement le prix Mezcal pour le meilleur premier film mexicain. Ce prix est choisi par un jury assez particulier composé de jeunes étudiants et d’enseignants venant du Mexique entier.
Cette année, la section Mezcal présentait un mélange très éclectique et inégal de 22 premiers longs métrages et de documentaires réalisés non seulement au Mexique mais aussi par des réalisateurs mexicains travaillant à l’étranger (en l’occurence l’Irlande, Royaume-Uni et Australie). Et même un long métrage d’animation pour enfants au message pédagogique mais ludique en faisait partie. C’est également dans cette section de films‚ Made in Mexico que le jury FIPRESCI devait choisir notre lauréat.
Stars, paillettes et Red Carpet
Evidemment, les grands moments du festival étaient des hommages rendus à la délicieuse Victoria Abril, à l’icône du cinéma mexicaine, la grande Isela Vega, au célèbre réalisateur mexicain et fondateur du festival, Jaime Humberto Hermosillo et au producteur-réalisateur Guillermo del Toro.
Del Toro, né à Guadalajara, qui a dirigé une master-class pour les étudiants du Talent Campus, a d’ailleurs provoqué une controverse lors de sa conférence de presse avec sa critique acerbe de l’insécurité et de la décomposition sociale dans son pays d’origine, où il dit même craindre pour sa propre sécurité.
Mais curieusement, la violence politique et sociale au Mexique, qui a fait plus de 100.000 victimes au cours des dernières années, n’est que rarement présente dans les films des jeunes réalisateurs mexicains que nous avons vus, à l’exception du thriller très efficace sur fond de trafic d’armes de Gabriel Ripstein, 600 Miles (600 Millas), et, bien moins réussi, de When the three 0’clock comes (Cuando de las tres), de Jonathan Sarmiento, dont le huit clos, maladroitement mis en scène, de guérilleros désabusés se veut une dénonciation virulente de l’inaction du gouvernement face à l’oppression et au crime organisé.
Le pays invité cette année était l’Italie avec la présentation d’une très belle sélection de 34 films. Malheureusement, le très attendu invité d’honneur, Bernardo Bertolucci, a dû annuler sa visite à la dernière minute en raison de problèmes de santé et n’a donc pas pu recevoir en personne le Golden Mayahuel Award pour l’ensemble de son oeuvre.
Guadalajara – plus qu’un festival du film
Le marché du film, qui s’efforce de devenir le plus grand événement de l’industrie cinématographique en Amérique latine, a organisé plusieurs réunions pour développer la participation et la coopération sur de nouveaux projets et pour aider à la création de nouveaux canaux de promotion et de financement du cinéma international: ceux-ci incluent les rencontres de co-production ibéro-américaines, la promotion de soutien européen de la vente des films et le Talent Campus, une vraie réussite depuis sept ans maintenant, co-organisé avec la Berlinale.
Un autre point fort du festival fut la projection de Film4Climate, sujet très à la mode et soutenu par la Banque mondiale, qui relie cinéma et changement climatique. Ce sujet brûlant a d’ailleurs inspiré le directeur du festival, Ivan Trujillo, à supprimer à l’avenir, 50% des publications imprimées.
Certes, le choix fait il y a quelques années de déplacer le centre du festival et les principaux lieux de projection du coeur de la ville vers la banlieue monotone de cette deuxième plus grande ville du Mexique, au grand Parc des Expositions et à l’hôtel Hilton juste en face, permet d’avoir à disposition les grandes espaces nécessaires pour développer avec succès le marché et ses diverses activités telles que les réunions de co-production et des ateliers. En revanche, pour les jurys et les invités il était assez laborieux à cause de la circulation pour se rendre aux différents lieux de projection – à savoir deux multiplexes dans des centres commerciaux à l’autre bout de la ville, et un théâtre étonnamment bien équipé dans un bâtiment de l’université. En outre, la salle de projection improvisée installée dans l’Expo, juste à côté du bruyant tohubohu du marché du film, ainsi que celles dans les deux salles de conférence de l’hôtel, étaient peu adaptées à des projections de films.
Mais l’accueil chaleureux et la grande gentillesse des bénévoles et des organisateurs ainsi que les fêtes généreusement arrosés de tequila, organisées presque chaque nuit, ont compensé un peu la frustration de se sentir déconnecté de la vie réelle de la ville.
Les Prix
Vers la fin du festival, les fortes pluies plutôt inhabituelles qui se déversaient sur Guadalajara n’ont cependant pas pu gâcher l’ambiance festive de la soirée de clôture, avec une cérémonie de remise des prix très plaisante et parfaitement organisée, et une énorme fête, déménagée en urgence dans un lieu abrité.
Le jury du prix Maguey, qui célèbre sa quatrième édition de « queer cinema» dans cette ville abritant l’une des plus grandes communautés LGBTTTI du Mexique, a récompensé le film suédois Something must break (Nanting måste gå sönder) d’Ester Martin Bergsmark ,
Dans la section documentaire ibéro-américain, le prix a été décerné au film chilien, Tea Time (La Once), de Maite Alberdi, alors que le scénariste-réalisateur guatémaltèque Jayro Bustamente a reçu deux prix, pour Volcan Ixcanul (Ixcanul) – meilleur film ibéro-américain et meilleur réalisateur. Le film a été d’ailleurs récompensé par le Prix Alfred Bauer un mois plus tôt à la Berlinale.
Le prix du meilleur premier film dans la section ibéro-américain a été attribué à l’argentin Sebastian Schindel pour The Boss, Anatomie of a crime (El Patrón, radiografía de crimen). Et le mexicain Celso Garcia est reparti avec pas moins de quatre prix, celui du meilleur scénario, un prix spécial du jury de fiction ibéro-américain, le prix du public ainsi que le prix de la critique mexicaine pour son premier film The Thin Yellow Line (La Linea Delgada Amarilla), un petit bijou doux-amer, magistralement filmé, et produit par Guillermo de Toro.
Enfin, le Prix Mezcal est allé au drame poignant sur fond de trafic d’armes de Gabriel Ripstein 600 Miles (600 Millas), avec Tim Roth en agent de l’ATF qui est enlevé par un jeune trafiquant mexicain; (il a également reçu le prix du meilleur premier long métrage à la Berlinale 2015.)
Dernier mais non le moindre, notre Prix FIPRESCI a été décerné à l’unanimité au premier long-métrage documentaire de la cinéaste argentino-mexicaine Natalia Bruschtein, Temps Suspendu (Tiempo Supsendido), un film « qui éclaire la tragédie des «disparus» en Argentine dans les années 1970 à travers l’histoire d’une femme qui se bat pour préserver la mémoire nationale alors même que sa propre mémoire se dérobe “. Il a également reçu le prix spécial du jury de la compétition documentaire ibéro-américain.
Barbara Lorey de Lacharrière
Berlin 2015: félicitations au jury!
Comme l’aurait dit Rabelais, le jury de la 65ème édition de la Berlinale présidé par Darren Aronofsky aura su extraire la « substantifique moelle » d’une sélection en dents de scie.
La belle composition du jury pouvait, en vérité, laisser augurer d’un excellent palmarès. Sous la houlette de Darren Aronofsky, qui le présidait, siégeaient parmi d’autres rien moins que Matthew Weiner, l’auteur de la célèbre série télévisée Mad Men, dont on sait qu’il ne s’en laisse pas compter, mais aussi la productrice italienne Martha De Laurentiis. Il y avait aussi la réalisatrice péruvienne Claudia Llosa, une habituée des prix de la Fipresci, de la critique internationale et Audrey Tautou pour la France, bref, du beau monde.
Or, alors que la compétition avançait, il apparut de plus en plus que les films des cinéastes les plus « reconnus » décevaient plus ou moins. En particulier, le Queen of the desert tant attendu de Werner Herzog ne parvint jamais à faire oublier le Laurence d’Arabie de David Lean malgré la similitude des prémisses et l’intérêt potentiel d’avoir fait du héros une héroïne. Nicole Kidman y incarne un personnage historique qui a probablement eu autant d’influence que Laurence d’Arabie, Gertrude Bell, une Anglaise féministe avant la lettre qui rayonna à dos de dromadaire à l’orée du 20° siècle à travers tout le Moyen-Orient, par fascination pour les tribus bédouines qui se le partageaient. Mais la mise en scène de Herzog, de façon surprenante, est extrêmement convenue, d’un classicisme étonnant pour le génie créateur de Fitzcaraldo ou de L’Enigme de Kaspar Hauser. En outre, l’effort du compositeur Klaus Badelt pour reprendre certaines des sonorités de Maurice Jarre dans le film de David Lean ne fait qu’ajouter à l’envie de revoir « l’original », en quelque sorte. Une autre déception fut le pastiche de Terence Malick par lui-même, en quelque sorte. Son Knight of cups dévoie une incontestable maîtrise de la caméra au service d’un scénario inexistant et même incompréhensible où Christian Bale, Cate Blanchett et Nathalie Portman en sont réduits à incarner des silhouette quasiment muettes se promenant devant la caméra de Malick.
Bref, le jury sut ne pas s’arrêter à ces quelques déceptions venant de noms très attendus, et ne pas hésiter à aller chercher plus loin son palmarès. Il décerna ainsi à juste titre sa récompense supr Profitant du cadre fourni par un volcan actif où se situe le film, Bustamante nous fait comprendre la valeur r Jayro Bustamanteême, l’Ours d’Or, à un long métrage fait pourtant de bric et de broc, le Taxi de l’Iranien Jafar Panahi, dont on sait qu’il est théoriquement interdit de tournage dans son pays. Lui-même présent dans son film en chauffeur d’un taxi, Jafar Panahi a monté une caméra dans cette voiture, et en a fait son studio ambulant, en quelque sorte. Il est ainsi parvenu à composer une œuvre cinématographique en juxtaposant avec bonheur des saynètes constituées par les passagers qui hèlent la voiture pour composer un kaléidoscope vif et bien ajusté de l’Iran d’aujourd’hui. Darren Aronofsky et ses jurés furent d’ailleurs ici rejoints par le jury Fipresci de la Critique Internationale qui décerna également son prix pour la compétition à Taxi.
Le jury officiel continua à se détourner, à juste titre, nous semble-t-il, des valeurs « classiques » de la compétition, pour la plupart de ses autres prix. L’Ours d’Argent, son « Grand Prix », le dauphin de l’Ours d’Or, revint en effet à El Club, du cinéaste chilien Pablo Larrain, une sobre et nette introspection sur le catholicisme latino-américain aujourd’hui. L’Amérique Latine fut d’ailleurs à l’honneur puisque l’Ours d’Argent spécial « Alfred Bauer » est revenu au touchant Ixcanul, sans doute l’une des meilleurs surprises de la Berlinale 2015, une coproduction entre le Guatemala et la France réalisée par Jayro Bustamante. Profitant bien du cadre particulier fourni par un volcan actif au pied duquel se situe le film, Bustamante nous fait comprendre la valeur de la culture autochtone en la confrontant à la civilisation nord-américaine à travers les yeux du périple initiatique d’une jeune fille d’ascendance Maya. Toujours l’Amérique Latine au palmarès, enfin, pour le prix du meilleur scénario décerné au vétéran Patricio Guzman pour El Bóton de Nacár.
Parmi les autres récompenses décernées par le jury, on signalera encore l’astucieux octroi des deux Ours d’Argent de la meilleure interprétation au splendide duo d’acteurs formé par Charlotte Rampling et Tom Courtenay dans l’émouvant 45 Years du britannique Andrew Haigh, qui suit minutieusement, à petites touches, la décomposition implicite d’un couple âgé lorsque le corps de l’ancienne petite amie du mari, disparue à la suite d’un accident, est retrouvé après un demi-siècle. Le jury sut aussi saluer le tour de force réalisé par le directeur de la photographie Sturla Brandth Grœvlen qui tourna Victoria de Sebastian Schipper en un seul plan de … 2 heures et 20 minutes! On y suit en temps réel à la lueur glauque de la nuit finissante un groupe de petits voyous berlinois qui commettent un « casse » accompagnés d’une jeune espagnole rencontrée par hasard. Grœvlen méritait cet Ours d’Argent, même si l’idée du plan unique revenait à son réalisateur-scénariste, dont le script était un peu trop décousu.
Au-delà de la compétition
Comme à l’accoutumée, le Festival de Berlin, qui se veut un festival populaire, avec plus de 300.000 spectateurs dans ses salles chaque année, a frappé par la qualité et le nombre de ses cinéphiles payants, puisqu’il accueille le public dans quasiment toutes les projections de ses sections officielles, mis à parts un nombre réduit de séances limitées à la Presse. C’est dire qu’outre la grande salle Marlène Dietrich, les répétitions de la compétition, par exemple, dans l’immense FriedrichPalast situé au cœur de l’ancien Berlin Est, furent bondées, tout comme celles de la section « Panorama », dirigé par Wieland Speck, qui fait ses premières au beau « ZooPalast » rénové depuis l’an dernier, l’ancien quartier général de la Berlinale, lui à l’Ouest de la ville. On y vit, entre autres, dans ses diverses programmations, les derniers films de Gabriel Ripstein (600 Millas), de Rosa von Praunheim, bien sûr, un habitué de la section (Härte), le dernier film de Raoul Peck, Meurtre à Pacot ou Ned Rifle, l’attachant film en forme de « Chronique d’un meurtre annoncé » de Hal Hartley. Les salles du « Forum International du Jeune cinéma », l’autre grande section historique du Festival, dirigée par Christoph Terhechte depuis que son fondateur, Ulrich Grégor, a passé la main, ne déparèrent pas non plus. Le jury de la Fipresci décerna son prix pour le Forum à Il gesto delle Mani, de l’italien Francesco Clerici, n’hésitant pas à saluer ici un documentaire presque calligraphique sur une fonderie de bronze traditionnelle établie depuis 1913 à Milan.
Les Professionnels aussi
Mais il ne faut pas oublier que le Festival de Berlin, c’est aussi le premier rendez-vous de l’année des professionnels du cinéma du monde entier, désireux d’y nouer des affaires avant le rush cannois du mois de mai, où au contraire d’y découvrir des gemmes avant que d’autres ne les voient plus tard. A cet égard, la réussite du travail de longue haleine de Beki Probst, l’ancienne directrice et maintenant Présidente du « Marché Européen du Film », est manifeste. On y a compté cette année la bagatelle de 8.500 professionnels accrédités, en provenance de 100 pays, dont 1.568 acheteurs. 748 films, le plus souvent différents de ceux des sections « publiques » y furent montrés en 1.014 séances! Même l’espace physique dédié au Marché s’est étendu, plusieurs étages de l’hôtel Marriott complétant maintenant le quartier général du Martin Gropius Bau. Un signe clair de ce succès, d’ailleurs, est le fait qu’Unifrance a dû réduire l’espace de détente de son stand pour accueillir plus de sociétés en son sein.
Ajoutons que le Festival, c’est aussi une multitude d’événements parallèles, comme par exemple le tremplin aux jeunes acteurs européens fourni par l’opération « Shooting Stars » de l’European Film Promotion, l’organisme de promotion fédérateur de ses homologues nationaux européens. Pour la première fois, une petite section de la Berlinale était consacrée… aux séries télévisées, montrant que Dieter Kosslick, le maître d’œuvre du festival, n’oublie pas de suivre l’évolution de la culture moderne, la présence au jury de Matthew Weiner en ayant été un autre signe.
Philippe J. Maarek
Nous sommes tous Charlie
Communiqué de Presse de l’Union des Journalistes de Cinéma du 7 janvier 2015
L’Union des Journalistes de Cinéma condamne avec force l’attentat contre Charlie Hebdo, attentat contre la vie, attentat contre la libre expression, attentat contre les journalistes, et exprime sa solidarité aux familles des victimes. Nous sommes tous Charlie.